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Michel-Ange au pays des éléphants …


Et si quelques semaines oubliées de la vie d’un des maestri de la Renaissance vous donnaient un éclairage nouveau sur son œuvre ?


Si comme tout le monde vous ne connaissez de Michel-Ange que ses œuvres : le plafond de la chapelle Sixtine, le David de Florence ou la Pietà de Saint-Pierre de Rome, il est temps de faire connaissance avec l’homme.


« Parle-leur des batailles des rois et des éléphants » est le récit de son escapade dans la capitale cosmopolite du monde Ottoman : Constantinople.
Bien que les faits et personnages soient réels, ce que nous propose Mathias Enard n’est ni une autobiographie ni une fresque historique. Celui qui enseigne aujourd’hui l’arabe à l’université de Barcelone, nous offre un rêve. Un rêve étrange et pénétrant d’amour interdit et de sang mêlés où plane un envoûtant parfum d’Orient.


Le roman commence à l’arrivée de Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dans la ville où trône l’inébranlable Sainte Sophie. L’artiste italien est venu remplir une mission dans cette contrée bercée par les appels à la prière et l’ivresse charnelle des nuits roses. Une mission hautement symbolique qui fut un échec pour le grand Léonard de Vinci : la construction d’un trait d’union entre les deux rives de la ville.
Dans les rues tièdes si loin du vent salé de l’Adriatique, Michel-Ange imprègne son art de cette culture rayonnante à la confluence de plusieurs civilisations.


Ce conte nostalgique est un pont aérien vers les mystères d’une cité et les dessous d’un génie acharné.


L’auteur.

Féru d’arabe et de persan il dépeint fidèlement dans ce court récit la Constantinople esthète et européenne qui a su accueillir les Européens chassés par des rois trop catholiques.

Mathias Enard démonte le mythe qu’était Michelangelo. Il construit un homme égaré, troublé, empêtré dans son siècle et contemplateur. Il s’approprie le personnage et bâtit une intimité simple entre le maestro et le lecteur. Pour finalement conquérir nos cœurs !

Mathias Enard transmet son amour contagieux du monde arabe dans un style lyrique et pragmatique. L’orientalisme et le tantrisme prégnants nous ramènent à son précédent roman, déjà chez Actes Sud, qui avait reçu le prix du Livre Inter en 2009 : « Zone ». »Parle-le leur des batailles des rois et des éléphants » a quant à lui décroché le Prix Goncourt des Lycéens (2010).