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« L’Atelier Volant », Novarina met en scène sa première oeuvre au Rond-Point

 

Copyright : Giovanni Cittadini Cesi

1971, Valère Novarina a 24 ans quand il écrit L’Atelier Volant. L’oeuvre sera mise en scène une première fois en 1974 par Jean-Pierre Sarrazac. Aujourd’hui, c’est son auteur qui se la (ré)approprie. Pas une seule syllabe n’a changé en 40 ans, « on a juste fait quelques coupes », rassure l’écrivain.

L’auteur est connu pour sa recherche et ses prouesses rythmiques, musicales, chirurgicales avec la langue française. Les bases sont posées dans L’Atelier Volant, mais un sens de la narration plus évident habite la pièce. Une histoire qui aurait pu être écrite ces dernières semaines. Que ce soit chez Foxconn (sous traitant d’Apple) ou sur les chaînes de montages de PSA. Elle est une critique virulente, acide et enrobée d’humour de la société consommatrice. Ce monde qui fait fabriquer à des ouvriers payés le minimum des produits qu’ils s’achètent ensuite au prix fort.

A l’écrit comme à la scène, la création prend la forme d’une fable, dans une scénographie extrêmement colorée, les références enfantines sont nombreuses. Ce qui souligne de manière brillante la folie de la situation, on est effrayé. Puis bercé, menés, dans cet univers burlesque. On parcourt les ateliers à la suite de M. Boucot (O. Martin-Salvan) et on écoute les dernières fulgurances intellectuelles méprisantes de sa femme, Mme Bouche (Myrto Procopiou). Car du mépris (dénonciateur !) il y en a, face à la classe ouvrière, inculte, manipulée, bernée jusqu’à la moëlle. La situation retranscris à merveille cette histoire qui se répète encore aujourd’hui sur la question de l’asservissement du travailleur. « Pendant qu’ils jouent, ils ne se pendent pas », affirme M. Boucot, plein de bontée d’âme.

Le couple leader excelle dans son jeu et les nuances dans lesquelles le metteur en scène les place. Chaque employé incarne également à merveille ce théâtre peu évident de prime abord. Il est important de ne pas se mettre en tête de comprendre tout ce qui se passe sur les planches, il faut lâcher prise, savoir se laisser couler, ne pas chercher la cohérence. Pourquoi cette mobylette est sur scène en même temps que ce wagonnet de fête foraine ? Pour raconter une histoire d’amour construite sur chaîne de montage, tout simplement.

L’absurde englobe le tout : les consommateurs sont déjà avertis que si ils ne consomment plus, l’économie peut se casser la figure ! Que le spectateur se rassure, l’artisan ne sera pas toujours dupe. Un éveil de conscience en conclusion d’une crise mondiale ? Pourquoi pas ! Moderne, actuel et réussi cet Atelier Volant mérite largement une visite. 

Pratique : Jusqu’au 6 octobre 2012 au théâtre du Rond-Point, 2bis av. Franklin D. Roosevelt (VIIIe arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 44 95 98 21 ou sur www.theatredurondpoint.fr / Tarifs : entre 15 € (moins de 30 ans) et 36 € (plein tarif).

Durée : 2 h 15

Texte, mise en scène et peinture : Valère Novarina

Avec :  Julie Kpéré, Olivier Martin-Salvan, Dominique Parent, Richard Pierre, Myrto Procopiou, Nicolas Struve, René Turquois, Valérie Vinci

 

Tournée :

  • Du 9 au 13 octobre 2012 au TNP, Villeurbanne
  • Le 17 octobre 2012 à la Scène Nationale de Mâcon
  • Les 23 et 24 octobre 2012 à La Coupe d’Or, Scène nationale de Rochefort
  • Les 7 et 8 novembre 2012 au Forum Meyrin (Suisse)
  • Du 14 au 24 novembre 2012 au Théâtre de Vidy Lausanne (Suisse)
  • Les 27 et 28 novembre 2012 à l’Espace des Arts, Scène Nationale de Chalon sur Saône
  • Les 6 et 8 décembre 2012 au Théâtre du Grand Marché, Saint-Denis de la Réunion
  • Du 16 au 18 janvier 2013 à la Comédie de Saint-Etienne
  • Du 22 au 26 janvier 2013 au Théâtre de Dijon-Bourgogne
  • Le 7 février 2013 au Théâtre de l’Archipel, Scène nationale, Perpignan
  • Les 14 et 16 février 2013 au Théâtre Garonne, Toulouse
  • Les 6 et 7 mars 2013, Le Maillon, Scène Nationale de Strasbourg
  • Les 12 et 13 mars 2013, Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy
  • Du 19 au 22 mars 2013, TNBA, Bordeaux
  • Les 4 et 5 avril, Nouveau Théâtre – CDN, Besançon