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« Le Retour » de Pinter à l’Odéon


Luc Bondy présente sa mise en scène de la pièce d’Harold Pinter, « Le Retour » (The Homecoming) jusqu’au mois de décembre au théâtre de l’Odéon. C’est sa première « grande » création depuis sa nomination à la tête de l’établissement.

La pièce du dramaturge anglais raconte le retour, après six ans sans nouvelles, du fils préféré de la famille dans le foyer qui l’a vu naître. Quand il pousse la porte du grand appartement, rien n’a changé. D’ailleurs sa chambre est toujours prête à l’accueillir. Ce huis-clos très masculin questionne sur l’emprise de la famille, comment on s’en différencie, comment celle-ci nous construit. La place du père, des enfants et surtout, de la mère, femme merveilleuse puis putain deux phrases plus bas… Cette femme qui a mis au monde les trois fils du chef de famille, ou cette femme qui accompagne le fils prodigue en visite, et qui fera elle-même le choix de ne plus repartir.

L’intrigue se déroule dans un très beau décor (de Johannes Schütz), un appartement aux grand volumes, un peu délabré, qui semble tout droit sortie des Sims. À l’intérieur évoluent les personnage. Placés au gré des besoins, de la cuisine, au salon ou dans la caravane du garage, où qu’ils soient, on voit tout. Cet espace convient à la mise en scène élégante de Luc Bondy, très centrée sur le génie de chaque acteur.

Car c’est sur eux que tient le drame, l’interprétation pure donne lieu à d’excellents moments. Tout particulièrement de la part de Micha Lescot, personnage un débile léger, égocentrique, je-m’en-foutiste aux pulsions meurtrières est particulièrement brillant. Les relations entre les protagonistes sont aussi claires et bien travaillées. Le fils dominé par sa femme. Le père et le frère liés par une relation comme celle qui lie César et Panisse chez Pagnol : un mélange de concurrence, d’émotion virile et de taquinerie.

Tous ces personnages qui vivent dans une nostalgie refoulée de la mère, de la femme. Toutes les autres ne sont que des « putes vérolées ». C’est d’ailleurs ce chemin que prendra la belle-fille…

Malgré quelques petites longueurs, cette première de Luc Bondy dans sa nouvelle maison est un joli spectacle, qui mérite un large détour, ne serait-ce que pour la belle performance des comédiens. 

Pratique : Jusqu’au 23 décembre au théâtre de l’Odéon-Europe, place de l’Odéon (6e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 44 85 40 40 ou sur www.theatre-odeon.fr/ / Tarifs : entre 6 € et 34 € – Du mardi au samedi à 20 h. Dimanche à 15 h.

Durée : 2 h 20 (entracte compris)

Mise en scène : Luc Bondy

Avec : Bruno Ganz, Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircher, Micha Lescot, Emmanuelle Seigner