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Le Skeleton Band – Un côté « bastringue » et « bringuebalant »

Le Skeleton Band est un groupe ayant vu le jour à Montpellier, créateur d’un rock sombre et onirique aux multiples influences. Leur album « Bella Mascarade » sera dans les bacs le 20 février. Rencontre avec le chanteur, Alex Lee Jacob. 


Vous avez créé « Le Skeleton Band » en 2007, qu’est-ce que chacun de vous faisait avant de se lancer dans ce projet ?


Alex Lee Jacob : Avant on avait un autre groupe, une première expérience qui nous a appris à faire de la musique. Je sortais du Conservatoire d’Art Dramatique, Bruno (guitare basse et banjo) sortait tout juste du lycée et Clément (batterie) tentait une première année de musicologie.


Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de l’aventure ?


Le premier groupe s’est séparé, on y était plus nombreux. On avait des divergences de goûts musicaux avec plusieurs membres, cela rendait la situation difficile. On s’est donc retrouvé tous les trois, ensemble nous sommes allés vers la musique qui nous touchait particulièrement. On peut dire que le véritable déclic ça a été quand pour mon anniversaire, j’ai reçu un enregistreur numérique quatre pistes ! Clément et moi nous retrouvions dans mon appartement pour essayer de créer des choses, c’est dans ces moments que sont nées les premières compositions que l’on a jouées avec “Le Skeleton Band” sur scène. Des musiques qu’on ne voulait pas voir “arrangées” par d’autres membres de l’ancien groupe.


C’était quand la première fois que votre travail a été entendu par le public ?


Lors de ma dernière année de Master Arts du spectacle à l’université Paul-Valéry (Montpellier). On a composé la musique de mon travail de fin d’étude tous les trois, c’était en mars 2007.


Quel est le type de musique qui vous touche ?


Notre groupe a des références communes, certains artistes ont été très importants, Tom Waits par exemple nous a beaucoup marqués. Tout ce côté “bastringue” ou “bringuebalant” des choses. L’idée, c’est que tous les sons, qu’ils soient industriels ou sortis de la rue, une fois liés à une musique traditionnelle, ça crée des histoires fortes qui racontent beaucoup de choses. C’est pour cela qu’on a tendance à dire que notre musique est cinématographique, parce que le collage de toutes ces sonorités créé un espace de voyage pour l’auditeur.


Quelles sont ces fameuses histoires que vous racontez dans votre album, « Bella Mascarade » ?


Dans ce disque il y a deux parties. Les huit premières chansons vont ensemble, elles créent une conclusion et un rebondissement au cœur de l’album. Dans celles-ci, il est question de gens qui auraient bien voulu être vagabonds, tout quitter et partir à l’aventure, mais ils échouent. C’est triste car en un sens, c’est pire que d’avoir une véritable vie errante, car ceux qui essayent seulement n’arrivent pas à se détacher de ce qui les entrave, pour pouvoir être libre. La seconde partie est plus fantasque, ce sont des vies de personnages décadents, il y a une chanson qui dépeint un tableau fait d’un équipage de migrants sur un bateau, certains sont travestis, d’autres sont ivrognes… Dans une autre chanson on rencontre un marginal qui refait le monde…


Vous auriez aimé être un vagabond et tout quitter ?


Je ne sais pas ! (Rires), je crois que c’est pas mal de fantasmer. Dans la réalité ce n’est pas la même chose.



Vous essayez de faire de vos prestations en live des moments particuliers ?


On a cette façon particulière d’exprimer notre musique sur scène, que certains qualifient de «théâtrale», même si je ne suis pas entièrement d’accord car ça reste de la musique avant tout. On a aussi eu la possibilité de faire quelques collaborations, ciné-concerts ou concert et bande dessinée. En mars on participe au festival Hybrides puisqu’on joue dans “Épreuve”, le nouveau spectacle de Julien Bouffier. On a toujours des projets annexes qui nourrissent l’univers du groupe.


Ce n’est pas trop difficile de trouver sa place quand on est un jeune groupe aujourd’hui ?


On a jamais eu de concessions à faire, mais on ne vend pas 10 000 albums ! Après, il est vrai qu’on ne gagne pas encore notre vie. On passe tout notre temps à faire de la musique, malheureusement ce n’est pas encore suffisant pour vivre. Même si ça va de mieux en mieux. On a choisi de mettre en avant notre univers qui est, je crois, très personnel. Donc on accepte les inconvénients que cela amène.


Pourquoi portez-vous le même nom de famille que le bassiste ?


Jacob ? C’est notre nom de famille ! Bruno est mon petit frère.


D’ou vous vient l’envie de chanter en Anglais ?


Nos influences sont anglophones, quand on est jeune artiste on essaye de prendre des appuis sur des modèles de musicalité. Les nôtres sont en anglais. Ils viennent de Tom Waits, Léonard Cohen ou Bob Dylan.


Plus d’informations sur Facebook




Jeudi – Sharon et Charles

Cafard du soir, boulimie télé.

Zapette gréffée au poignet,

20h00,22h,minuit…TF1, M6, Arte.

Étrange duo musical traînant dans les bas-fonds des nuits ricaines

James ? Aretha?  La belle époque quoi. Ah non, c’est maintenant que ça se passe. Et c’est Sharon et Charles.

Voix survitaminées, doulhoureuses, orgueilleuses, effrontées, transies… Support de l’âme, la Soul qui a vécu.

No Time For Dreaming, premier album de Charles Bradley, 62 ans est sorti l’année dernière. Extrait


La discographie de Sharon Jones and the Dap-Kings est plus fournie: mention particulière pour son titre 100 days, 100 nigths. Extrait

Et la diva sera en concert à la Cigale le 12 avril prochain.

Je vous ferai signe au prochain cafard du soir.

 




Lundi – Paper Lions

Lundi 30 Janvier – Musique – Paper Lions

Coup de coeur cette semaine pour le groupe d’indie rock canadien fondé par les frères MacPhee (John aux chants et à la guitare, et Rob à la basse), ainsi que par leur voisin Colin Buchanan.

A noter, leur EP est en téléchargement gratuit sur leur site web : Télécharger « Paper Lions – Trophies »

 




El Gusto, rien d’autre


Drôle d’histoire que celle de cette jeune architecte qui, après avoir parcouru le monde, s’est dit qu’elle irait bien faire un tour du côté de là où tout avait commencé : son Algérie natale.

Comme on découvre une terre inconnue, la voilà déambulant dans les rues de la Casbah d’Alger pour finir dans une petite échoppe afin, comme tout bon touriste, d’acheter un miroir souvenir… Mais c’est une véritable machine à remonter le temps et inventer le futur que Safinez Bousbia met alors en marche.

Le vendeur, Mohamed El Ferkioui, ancien chef d’orchestre et accordéoniste, est intarissable sur cette Algérie bercée au son des joueurs de chaâbi – cette musique populaire née dans la casbah des années 1920, mélange de musiques andalouses, berbères et religieuses.

Ils étaient nombreux à avoir fréquenté les bancs du conservatoire pour suivre les cours du maître du genre : El Anka, multi-instrumentiste de génie. Nombreux à s’être perdus de vue, aidés par l’histoire et le temps. La révolution algérienne réduit l’humeur musicale et, en chassant juifs et pieds noirs, enlève une partie de son âme au chaâbi.
Les années noires sont définitives pour certains:  » on ne pouvait pas chanter alors que d’autres pleuraient ». Pourtant, l’amour de la musique est intact et la nostalgie n’a pas de frontière.
Les vieilles branches d’ici et d’ailleurs en rêvaient en secret. La jeune ingénue  s’adonne à la folie : rassembler tous les premiers élèves d’El Anka pour faire renaître le chaâbi d’autrefois sous la direction du pianiste et fils du grand maître.

Neuf ans après la rencontre et après deux années pour retrouver, convaincre et tourner en Algérie (!), l’orchestre El Gusto, « le goût » en espagnol, le « kif », dont l’âge ne se calcule pas, est né.

C’est à travers un documentaire drôle et émouvant, frappant de simplicité, que l’on découvre ces amoureux passionnés et fidèles jusqu’à la fin, où plutôt jusqu’au recommencement !

El Gusto actuellement dans les bonnes salles de cinéma et prochainement en tournée.
(Lien vers les séances pour aller voir El Gusto!)

 

Studio : Quidam Productions (Irlande)

Ecrit et Réalisé par : Safinez Bousbia

Produit par : Safinez Bousbia, Heidi Egger, Philippe Maynial




Séverin: en noir et blanc,… bleu, blanc et rouge!




Séverin, il nous a fait couler doux l’été avec son album L’Amour Triangulaire, sorti en digital, en juin dernier. D’abord, tu te dandines au rythme des synthés; puis fatiguée, tu te poses au bord de la piscine, toujours à dodeliner de la tête béatement. Et tu réalises alors que la même chanson qui te faisait sauter, elle est quand même pas très youpiyeah.
Séverin, c’est ça, de la pop mais pas trop acidulée. Le verbe est intelligent. Avec malice, il se joue des mots.


Et puis vous en connaissez beaucoup des chanteurs qui fassent rire sur le spleen amoureux? Séverin, il est de ceux là. Et c’est fichtrement rafraîchissant.
Du coup, je suis allée le rencontrer dans les jolis locaux de Cinq7, rire un peu et le bombarder de questions.


T’as commencé à deux, avec le groupe One-Two. Puis sur ton album Cheesecake, vous étiez à quinze, toi et quatorze femmes. Il a commencé comment le projet Séverin de L’Amour Triangulaire?


Tout seul.


Oui, mais le déclencheur?


Je crois que c’est d’avoir grandi un peu. J’avais envie d’assumer, plutôt que d’être toujours caché derrière un groupe ou avec plein de filles. J’avais envie d’être stressé mais tout seul. Tout ça, c’est lié au désir de chanter en français. De tendre vers quelque chose de plus sincère, et dans ma langue maternelle.


Tu passes donc de l’anglais au français. Souvent, c’est le contraire, il me semble. Est-ce que ça a changé ta manière de composer?


Ca change énormément. C’est beaucoup plus difficile de faire des chansons en français. L’anglais, même les natifs, ils sont moins attentifs aux textes. En français, chaque syllabe est perçue, compte. Tu ne peux pas laisser une phrase à l’abandon comme ça. Je m’attarde beaucoup plus sur les textes. Auparavant, je mettais toute mon énergie dans la musique.


Chanter dans sa langue maternelle, est-ce que ce n’est pas s’exposer davantage? T’as pas eu un souci de pudeur?


Oui mais c’est ça qui est marrant, c’est un challenge.
Il faut trouver le ton qui te ressemble. Je ne peux pas m’inventer un personnage en français. Quand t’es là en tant que chanteur, avec ton vrai nom, tu ne peux pas jouer un méchant si t’es pas méchant. Ce serait ridicule. Rien qu’avec ta gueule et la façon dont tu bouges, on va en rire.


Pour autant, on a quand même la sensation que tu déploies tout un univers autour de toi. Par le style vestimentaire; dans Cheesecake, l’homme à la période rouge. Là, tu verses dans le costume bleu. Je pense aussi à l’atmosphère de tes clips.


Ca, ça me ressemble. C’est des fantasmes aussi, le truc d’être dans la fumée. Quand je me réveille le matin, c’est sûr que c’est pas comme ça.


On a dû te le dire dix fois mais elle vient d’où cette nostalgie des années 80?


Oui, on le dit souvent. Mes références musicales françaises, elles viennent plus de cette époque là. Les années 90, je ne m’y retrouve pas trop. Sur le son, ok, y’a des synthés, ce qui sonne assez 80. Mais si tu y regardes vraiment, ça n’est pas si années 80 que ça. Oui, peut-être dans ma manière de chanter et le son. Mais c’est pas pour autant que je parle d’être dans les embruns, ce genre de trucs.


Oui, mais comme chez certaines chanteurs de l’époque, tu chantes des choses graves, sur un ton super léger. Je pense à ta chanson Caresses automatiques, bien vacharde et pourtant, à chaque fois que je l’écoute, j’ai envie de danser dessus.


Mais ça, c’est de la politesse. Je ne fais pas souvent des morceaux sombres. Je commencerai à faire de la chanson joyeuse quand je ferai de la musique dark. J’aime bien l’équilibre. Des textes joyeux sur de la musique joyeuse, ça donne un effet assez cul-cul.


L’inspiration chez toi, comment ça se passe? T’as une idée de chanson…


ô Jésus, Marie, Joseph…


(Rires) Sans déc’, tu attends d’être touché par la grâce?


Il faut que je me mette en recherche. Je suis flemmard; si je ne me mets pas en recherche, à penser, à chercher la musique, il ne se passe rien.


Pour revenir à cette histoire de nombre, t’es passé de deux, à quinze et maintenant que Séverin. Tout seul, comment tu te sens?


Je me sens très très bien. (Rires) Bon, je ne suis pas vraiment tout seul. J’ai quand même un groupe qui m’accompagne. En studio, aussi. Faire un disque vraiment tout seul, je pense que ça doit rendre un peu fou.


C’est quand même toi qui décides…


Je me suis construit le projet avec un groupe d’amis, de musiciens, avec qui je joue toujours. C’est juste moi qui donne le final cut avec Julien Delffaud avec qui je co-réalise. Bon oui, il m’appelle le Facho.


Je le savais.


C’est que j’ai des lubies, de temps en temps, sur des instruments, des trucs que je déteste.


Et la scène, tu t’y prépares comment?


Je suis en train de réaliser maintenant que l’important, c’est que ça marche sur scène. On s’en fout si ça reflète pas totalement le disque. Il faut que sur le moment, j’ai du plaisir à jouer et que les gens en aient à écouter.


Je te vois fixer l’album de Katerine depuis tout à l’heure. Tu nous prépares un show à la Katerine?


Pour cet album, j’essaie de rester hyper simple, direct, dans une énergie rock. Je serai peut-être de mieux en mieux habillé.


Tu vas quoi? mettre un costume vert?


Wow! Non, c’est le troisième album ça! (Rires) Attends, non, j’ai fait le rouge. J’ai fait le bleu. Je suis condamné à faire blanc, en fait. Le trip du drapeau français.


Encore que bleu blanc rouge, tu l’as déjà fait.


Oui, ça m’amusait qu’on utilise les trois couleurs de la République. Je trouvais ça marrant. Dans cette idée hyper frontale de faire de la musique directe, spontanée en français, je voulais utiliser les codes du bleu blanc rouge. Vu qu’en France, ça craint. C’est quelque chose qui évoque le FN ou des horreurs dans le genre. Je trouvais ça drôle.


L’album prochain, tu t’amènes en blanc alors?


En costard blanc, tu dois avoir l’air con quand même. Ou bien, je fais de la musique cubaine. (Il commence à chanter) Mais faut que j’apprenne la langue!



L’Amour Triangulaire. Séverin. Cinq7/Wagram Publishing. Sortie CD prochaine. Déjà disponible en digital.


Merci à Pauline L.!




Faites l’amour… protégés!


La comédie musicale Hair, ça vous évoque quelque chose, non ?!

Mais oui!  Bien sûr me direz-vous « Let the sunshine in » ou « Laissons entrer le soleil». Des cheveux longs, du sexe, de la drogue et surtout de la contestation.


Au Palace l’univers soixante-huitard reprend forme mis en scène par Sylvain Meyniac et prolonge les représentations jusqu’au 24 septembre.




Hymne intemporel à la liberté!


Plus de 40 ans après sa première adaptation française au Théâtre de la Porte Saint Martin avec Julien Clerc, le spectacle phare de la période « Peace and Love » fait encore parler de lui. Il évoque des sujets qui n’ont rien d’anachronique aujourd’hui et offre une nouvelle lecture du mouvement hippie. Psychédélique, sulfureux, sensuel voire même érotique, on comprend bien pourquoi cette comédie musicale avait soulevé tant de contestations et pourquoi le message « Protégez-vous » y trouve parfaitement sa place aujourd’hui.


Le fragile personnage principal lutte pour trouver sa place dans cette société. Résistant à ses parents qui souhaitent le voir intégrer l’armée. Le tout sur fond de lutte contre le SIDA … ce qui peut expliquer la participation de Pierre Bergé, président de Sidaction.

Même si les comédiens donnent tout, on déplore parfois certaines lenteurs et une acoustique qui ne permet pas de bien saisir les paroles.

Pourtant, « Il est interdit d’interdire », « Faites l’amour pas la guerre », et autres slogans sont toujours très actuels. Cette « tribu », c’est ainsi que la troupe s’appelle, nous ouvre de beaux moments de groupe et une mise en scène pêchue. A 21 sur scène et avec une telle volonté d’impliquer le public, on finit forcément par taper dans ses mains et en redemander.


Coloré, festif et subversif, Hair version 2011 vaut bien un petit retour à l’heure des « pattes d’eph » !

En ce moment en représentation au Théâtre Le Palace. Pour en savoir plus, rendez-vous sur :

http://www.faiteslamour.fr/index.php


Théâtre Le Palace
8 rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris


Distribution

Mise en scène : Sylvain Meyniac ; Musique : Galt Mac Dermot

Adaptation française : Sylvain Meyniac

Direction musicale : Alexandre Finkin ; Costumes : Victoria Vignaux

Décors : Anne Wannier

Scénographie : Stéphane Baquet

Chorégraphie: Jean-Claude Marignale


Avec Laurent Bàn, Laurent Marion, Lucie Bernardoni, Lorène Devienne, Corentine Planckaert, Candice Parise, Anandha Seethanen, Camille Turlot, Régis Olivier, Lola Aumont, Jua Amir, Alexander Donesch, Noémie Alazard, Anne Mano, Philippe d’Avilla, Dominique Magloire, Sebastien Lete, Xavier Combs, Alex Finkin, François-Charles Delacoudre et Héloïse Adam.





Jacques Air Volt: « C’est la musique qui décide »


Une après-midi d’été, aux Tuileries. La rumeur ambiante, la terre qui entre dans les ballerines, un coca avec glaçons. Je rencontre Jacques Air Volt, de son vrai nom Denis. En plus de parler, on a joué aux chaises musicales. En une heure de discussion, on a changé quatre fois de tables, chassés par la pluie, les parasols qui ploient sous l’eau, le bruit, le manque de place. L’été est pourri, moi j’vous dis. Heureusement qu’il y a la musique, et son EP à se mettre dans les oreilles, Attendre. Rencontre.


Tu t’appelles Denis mais joues sous le nom de Jacques Air Volt. Tu nous racontes son histoire ?


Jacques Air Volt est arrivé il y a 5 ans. En fait on commençait à monter avec des copains Le monstre de papier, un court métrage avec des personnages en papier. J’avais fait la musique de ce clip, et je devais trouver un nom. JAV vient de là. En fait, et c’est une exclu attention, Air Volt c’est Voltaire à l’envers, je trouvais que ça sonnait bien.


Ensuite, j’ai voulu continuer l’histoire avec une chanteuse qui s’appelle Harmony Baudou. On a fait un duo à partir d’un morceau que j’ai écrit. On a fait pas mal de cafés concerts avec toujours un décor en papier, on s’amusait sur le côté théâtral des choses.


Puis des musiciens sont venus, ce qui a mené à Première Bande, qui est composé de chansons enregistrées ces dernières années.


Mais alors pourquoi avoir fait le choix de sortir un EP après un premier album ?


Parce que je pense qu’aujourd’hui il vaut mieux sortir quatre/cinq titres que treize. Je trouve que cela correspond plus aux attentes des gens. Sur un album, j’ai souvent du mal à tout écouter. Je préfère m’arrêter uniquement sur les morceaux que je préfère. Les Beatles, à cette époque là, sortaient des singles de quelques titres. Et je trouve que ça correspond bien à ce qu’on attend aujourd’hui.


Tu as mis un an à produire cet EP. Un perfectionnisme lié à un grand respect de la musique ?


Je pense que si on veut faire une bonne musique, il faut y passer beaucoup de temps. Je cherche vraiment à faire quelque chose qui soit un peu différent. C’est peut être un peu audacieux. C’est surtout dur, il faut du temps, trouver les arrangements, chercher les bons mots… Du coup pour faire un album il m’aurait fallu peut être trois ans. Sur 4 titres avec 2 intros j’ai mis 1 an depuis la première prise de guitare !


Tu as toujours fonctionné comme cela ?


En fait, quand j’ai voulu faire cet EP, j’ai eu la chance et le confort de travailler dans un très bon studio, avec du temps, donc je me suis dit que j’allais le prendre. Je ne voulais pas que les chansons arrivent posées, mais faire ce que je veux, tout m’autoriser, quitte à détruire les chansons, à les transformer, les déstructurer. C’est ce qu’on a réussi à faire. C’était un de mes rêves d’enregistrer dans ces conditions là, et on y est arrivés.


Tu parles de déstructurer. Et c’est vrai que quand on t’écoute, on ne peut que remarquer des ruptures dans l’harmonie des morceaux.


Je pense que tu fais allusion à la dernière chanson, Dernière Division, qui passe du jazz à la pop. Le but était de figurer la mort et la vie. C’est l’histoire de quelqu’un qui marche dans le cimetière du pere Lachaise, qui figure la vie et qui regarde des petites filles limite en train de danser sur des tombes. Ca c’est la pop. Et la mort est figurée par le jazz, avec cette espèce de saxophone qui crie, qui est un peu dissonant. Je me suis amusé avec ça en créant des ruptures, de grandes oppositions que j’ai ressenties en me baladant dans le cimetière.


C’est vrai qu’on a l’impression que tu accordes autant d’importance à la musique qu’aux paroles. Comme si chacun était porteur d’un sens vraiment distinct, et qu’il n’y en a pas un pour accompagner l’autre.


Oui, ils sont à la fois parallèles et liés par le sens. En fait j’essaie de faire que la musique illustre les mots au maximum, qu’elle leur donne un sens. En fait dans le processus de création les deux s’entremêlent. La musique peut aussi nourrir les paroles, même si c’est souvent le contraire. Mais je veux qu’à un moment les deux se rencontrent, que ce soit cohérent, que ça crée un univers réel, un monde.


En écoutant les textes, on n’a pas l’impression que tu racontes des histoires mais que tu délivres des touches, des images…


En fait c’est plus des descriptions, des questionnements. Ce n’est en effet pas des histoires complètes, il n’y a pas forcément de chute. Parce que j’aime bien qu’on puisse interpréter, qu’on puisse trouver un autre sens. Ou s’imaginer autre chose. J’aime bien les textes à double lecture. Dans ce disque là il y en a peut-être moins, mais j’aime que cela reste onirique. J’essaie que le sens soit donné par la musique. Qu’elle donne le ton du texte. Parce qu’un texte on peut l’interpréter de dix manières différentes, donc peut être que c’est la musique qui décide. Comme si le texte se reflétait dans la musique.


Tu as un côté un peu mutin et désinvolte, et en même temps mélancolique. Est-ce que c’est une dualité sur laquelle tu veux jouer ou est-ce que c’est plutôt naturel ?


Je n’ai pas trop l’impression de jouer avec, ça vient spontanément. C’est assez sincère. Dans la création, ça vient des influences. J’aime autant Nick Drake que Rage Against the Machine. Les propos sont différents, on ne l’aborde pas avec la même énergie ! Je n’aime pas trop les disques où tout est sur le même temps, ça m’ennuie. Si on prend Grace de Buckley, on passe de chansons presque monastiques à des trucs violents. C’est super, du coup on a envie de réecouter le disque. De toute façon je pense que les disques qu’on réecoute sont ceux qui sont contrastés. Aussi bien dans les propos que dans la musicalité.


Et d’ailleurs qui t’inspire ?


La chanson française pour les textes et la mélodie : Gainsbourg, Bashung, Léo Ferré, Brel, en passant par Higelin, Jacques Dutronc, Arthur H. Et pour le côté anglo-saxon, Radiohead, les Pink Floyd, Nick Drake, Jeff Buckley à fond…


Jeff Buckley et Nick Drake, ça s’entend !


Ca me fait plaisir, ça ! Nick Drake, je l’ai connu à 15 ans, grâce à une cassette que mon frère avait rapportée de l’armée. Il était inconnu, on a commencé à le chanter plus tard grâce à une pub Volkswagen qui reprenait l’un de ses titres ! Ce qui est triste, c’est qu’il s’est suicidé après une longue dépression, sans avoir jamais connu le succès. Il y a dix ans, sa soeur a écrit sur Internet que si cette pub avait été faite avant sa mort, et qu’il s’était senti reconnu, peut-être qu’il ne se serait pas tué. Alors moi je trouve ça quand même terrible !


Je crois qu’il avait une grande frustration, c’est de pas pouvoir jouer en concert, ça le paralysait. Du coup il en a fait très peu. Comme il tournait pas, il pouvait pas se faire vraiment connaître. Il voyait tous les mecs qui jouaient, comme Neil Young, et pas lui. Il jouait dans sa chambre !


Or chanter comme il fait, avec des paroles et des notes qui ont l’air simples mais qui en fait sont super sophistiquées, c’est très dur ! Moi j’ai jamais vu un mec jouer du vrai Nick Drake. Les gens reprennent mais ils simplifient.


Je te demandais tes influences parce qu’on t’en attribue un sacré paquet. Tu trouves qu’elles sont justes ?


Je trouve surtout ça super, ça veut dire que j’ai quand même un peu réussi mon pari de faire une musique étonnante, un peu audacieuse. Je suis assez fier en toute humilité !


Ca rejoint l’image du perfectionniste. A partir du moment où tu considères qu’un morceau est terminé c’est que tu en es fier, que tu considères qu’il correspond à ce que tu souhaites ?


Pour cet EP là, oui complètement. Le but était d’aller vraiment jusqu’au bout d’une destruction. On a réenregistré je sais pas combien de fois les parties, on coupait, on collait. C’était génial. C’est la première fois que j’ai pu aller jusqu’au bout. Jusqu’au bout de quelque chose sans savoir où on allait ! Je savais juste que j’allais faire quatre titres.


Tu as grandi auprès de musiciens et d’artistes. Est-ce que tu as dû du coup te poser la question : est-ce que je peux faire autre chose que de la musique ?


Je ne me suis jamais posé la question, c’est vrai ! Ah si je voulais être agriculteur à un moment. J’aurais bien aimé être sur mon tracteur. Mais ça n’a pas duré longtemps car un de mes frères m’a dit que quand je serai grand tout serait robotisé, que ce serait des robots qui s’occuperaient de tout. Ca m’a détruit mon rêve et j’ai vraiment pleuré quand, en 6ème, une prof a demandé ce que je voulais faire comme métier plus tard. Je ne savais pas quoi écrire, alors je me suis mis à chialer. Elle m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que c’était parce que je ne pouvais plus devenir agriculteur, à cause des machines. Donc j’ai fait de la musique !


Attendre. Jacques Air Volt. Believe/Zimbalam. Disponible en digital.


Crédits photo: Valérie Archeno


Mathilde Cristiani




Vivement la guerre …

Soyons provocateurs !
Oui, vivement la guerre, ou plus précisément, vivement que la guerre soit déclarée. N’allez pas y voir là des velléités belliqueuses, mais bien une réelle curiosité cinématographique.

« La Guerre est déclarée » est en effet le titre du second long métrage de Valérie Donzelli (qui avait signé « La reine des pommes », sorti en salles en 2010), et largement remarqué à l’occasion du dernier festival de Cannes.


Une histoire d’amour. Ordinaire. Avec joies et peines.
L’apparition de l’enfant, puis de la maladie. Et le combat du quotidien, le combat au quotidien, le combat contre le quotidien.


Et c’est bien tout ce chapelet d’émotions qui nous assaille à l’écoute de la BO du film.
Une bande originale pour le moins originale, où Vivaldi côtoie Jacques Higelin, et des créations originales interprétées par les deux acteurs principaux du film : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm.


Musique classique, nouvelle scène française, musique électro … Un tel ecclectisme dans une bande originale (8 extraits pour le moment, sur 18 morceaux pour la Bande Originale dans son intégralité) laisse présager toute la complexité des personnages, des émotions véhiculées tout au long du film, des contradictions, des personnalités, … bref, de la vie dans ce qu’elle a de plus basique, et paradoxalement aussi de plus complexe.


Alors, oui, vivement la guerre …
Au cinéma le 31 août. A suivre !


Bande originale disponible sur les plateformes de téléchargement depuis le 11 juillet.
Plus d’informations sur www.laguerreestdeclaree.com