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« Chat en Poche » à l’Artistic Athévains

chatenpoche
Copyright : Marion Duhamel

Avec cette mise en scène de « Chat en Poche », Anne-Marie Lazarini contribue à nous interroger sur la difficulté de jouer Feydeau à notre époque. Certes, ce dernier reste un auteur très populaire et visible. Sa puissance comique n’a pas disparu. Mais tout de même… Suffit-il de le mettre en scène dans un beau décor bancal aux tons gris et aménagé de meubles flashy pour rendre ce vaudeville un tantinet moderne ? En ce qui concerne « Chat en Poche », nous n’en sommes pas certains, tellement l’intrigue sue le XIXe siècle et le parti pris de la mise en scène n’est pas clair…

Qui cela amuse-t-il aujourd’hui, d’assister au désarroi d’un riche industriel de la Troisième République qui cherche à acheter sa postérité auprès d’un chanteur d’opéra (Dufosset), et de suivre celui-ci et ses proches dans sa quête (qui sera forcément un échec), pendant que le jeune premier occupe le cœur de toutes les dames de la maisonnée ? Qui est encore diverti par ces quiproquos entre futurs époux, entre Dufosset et ses femmes, sans oublier les maris de ces dernières ?

On ne peut pas dire que l’on ne rie pas : ces personnages qui se retrouvent enfermés dans des situations inextricables dans lesquelles ils se sont mis tout seul est tordante, surtout lorsque l’histoire est remarquablement servie par la performance des acteurs (en particulier Dufosset, interprété par Cédric Colas). Mais la mise en scène d’Anne-Marie Lazarini vogue dans une sorte d’entre deux eaux entre désuétude et modernité. Les acteurs courent, mais ne sont pas dynamiques pour autant.

Néanmoins, on retiendra quelques beaux effets, la sensation d’avoir passé un moment agréable mais avec cette gène d’un spectacle d’un autre temps qui nous revient tout au long de la représentation.

Pratique :
Actuellement au théâtre Artistic Athévains
45 rue Richard Lenoir, 75011 Paris
Les mardi, vendredi, samedi à 20h30. Le mercredi et le jeudi à 19h, et en matinée le samedi à 16h et le dimanche à 15h.
Durée : 1h20
Réservations au 01 43 56 38 32

 




« Zéro s’est endormi ? », mais ne fait pas rêver

 

Copyright : Michael Stampe

On se souvient aisément des mises en scène de Christophe Lindon, fines et oniriques, dans de belles scénographies. On pense notamment à « L’Alouette » et à « Pensées Secrètes », toutes deux du cru 2012. On apprécie ce soin apporté au décor, toujours présent dans « Zéro s’est endormi », nouvelle création qui a vu le jour fin septembre à Champigny-sur-Marne et qui est donnée depuis le 5 novembre à Paris.

On y retrouve la vidéo sur écrans multiples, la scénographie pleine de surprises, les projections baignant la scène dans des atmosphères aquatiques ou nostalgiques… Mais habituellement, Christophe Lidon choisit des textes qui méritent un tel dispositif, ce qui n’est pas le cas de celui-ci, signé Valérie Alane. Le résultat est donc mitigé.

Zéro (Bernard Malaka) dort tous le temps. Depuis des années il n’a pas passé plus d’un quart d’heure éveillé. Un jour il trouve tout de même le temps de répondre à une petite annonce. Oui car malgré son état d’hibernation permanente, il trouve le temps de lire le journal : les incohérences sont légion dans la pièce, ce qui est compréhensible puisqu’elle se déroule dans l’univers du rêve, mais ce n’est pas suffisant.

Cette annonce, donc, a été passé par une femme, Alice (Valérie Alane), qui est à la recherche de personnes qui accepteraient de laisser photographier leurs rêves : elle en a le pouvoir, avec son appareil photo magique. L’expérience se déroule bien, jusqu’à ce que des personnages « tombent » du rêve de Zéro, et commencent à interagir avec le monde, un monde limité à la chambre du (z)héros.

Les éléments de la vie du protagoniste s’empilent alors. On le voit lui, plus jeune (ou comme il aurait voulu être). On aperçoit sa sœur (fictive), qui accouche régulièrement de chansons. Le médecin de famille est devenu facteur, le père (absent) un meurtrier, et Zéro le fils caché de Carl Gustav Jung, éminent psychanalyste, contemporain de Freud.

Toute l’histoire semble une pièce de théâtre jeunesse (mal) transposée au monde des adultes. Comme des enfants qui répètent ce que disent leurs parents sans y faire jouer le sens critique, prenant les idées entendues ici ou là dans le foyer familial et répétées dans une cour d’école. Valérie Alane ne va pas au fond des choses, elle se contente de les évoquer : on parle « un peu » d’inconscient. Zéro a été « un peu » abusé par son père adoptif, qui a probablement mis le feu dans l’immeuble de Carl Jung, Zéro a eu une mère « un peu » castratrice aussi, Zéro a souffert d’être un fils unique. Il y a une tentative de reconstruire l’inconscient en permettant au monde entier de voir le rêve (fantasme ultime !). Mais c’est globalement ennuyeux et le surplace est palpable.

Il y a aussi l’appel aux mythes, des références à Icare, Thésée, Ariane et le Minotaure. Il ne manque plus qu’Oedipe et Homer Simpson : cela n’apporterait rien de plus au manque de clarté de la pièce mais ça pourrait être drôle. Malheureusement le mélange de psychanalyse et d’onirisme ne prend pas, car c’est ici que le bât blesse : la pièce ne prend pas partie pour l’un ou l’autre. Zéro s’est endormi, nous aussi.

Pratique : Jusqu’au 9 décembre au théâtre Artistic Athévains, 45 rue Richard Lenoir (75011, Paris)
Réservations par téléphone au 01 43 56 38 32 ou sur www.artistic-athevains.com
Tarifs : entre 10 € et 30 € – Les mardi (20 h), mercredi, jeudi (19 h) vendredi et samedi (20 h 30), samedi et dimanche (16 h).

Durée : 1 h 30

Mise en scène : Christophe Lidon

Avec :  Valérie Anne, Denis Berner, Sarah Biasini, Marie-Christine Danède, Sylvain Katan, Bernard Malaka