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Actu : 2ème édition du Festival du Jamais Lu au Théâtre Ouvert à Paris

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FESTIVAL DU JAMAIS LU – PARIS
2ème édition
vendredi 2 | samedi 3 | dimanche 4 décembre

Il y a un an, le Festival du Jamais Lu débarquait à Paris avec une idée en tête : hacker la dramaturgie française !
De cette gentille intrusion est né un échange entre deux cultures cousines, qui n’ont pas eu assez d’une édition pour tout se raconter (coproduction Festival Jamais Lu – Montréal)

LES AUTEURS : Jérémie Fabre, Marilyn Mattei, Grégo Pluym, Sonia Ristic

LES METTEURS EN SCENE : Sophie Cadieux, Martin Faucher, Benoît Vermeulen, Catherine Vidal

LA TROUPE : Hélène Gratet, Dominique Laidet, Thomas Matalou, Guillaume Mika, Marie-Ève Perron, Nelson Rafaëll-Madel, Sarah Tick, Nanténé Traoré
Et deux apprentis comédiens du Studio d’Asnières – ESCA : Maïka Louakairim et Étienne Bianco

Qui a dit qu’il n’y avait pas d’auteurs en France ?

==> Plus d’informations ici : Festival Jamais Lu au Théâtre Ouvert <==

(Source : Dossier de Presse)




Starbuck – Je suis ton père …

David Wozniak héros ou zéro ? 

 

Bienfaiteur dans le besoin d’une clinique de fertilité, cet Apollon bientôt quadragénaire se retrouve poursuivi par son passé. Et un passé à 1066 jambes … forcément vous rattrape rapidement !

Puisqu’il nous a emballés, tentons de dresser un portrait aux rayons X de ce personnage attachant.
Qui du héros  () ou du zéro () l’emportera ?

– Cheveux hirsutes

Le cheveu hirsute est l’apanage du penseur, philosophe ou mathématicien. Vous imaginez, vous, Albert Einstein avec la raie au milieu et les cheveux plaqués?! Non! David Wozniak n’est pas du genre gominé.

 Allez, allez, le style hipster c’est déjà dépassé!

– Barbe naissante

 Cette barbe naissante (pour rester dans le thème qui nous intéresse aujourd’hui…) lui permet sans aucun doute d’aborder la jeune génération bardé d’une aura positive. Un a priori positif. Un quelque chose qui nous dit que cet homme là est gentil. Qu’il n’a pas tout à terminé sa transformation en adulte.

 Enfin David ? Même au Canada, Gilette Mach 3, vous devez connaître quand même, ça fait très négligé!

– T-shirt délavé

Le t-shirt délavé pas net ça fait pas très mature voire carrément ado attardé. Un vrai rebelle ce David, ni dieu, ni maître. David ne craint personne à part son employeur de père immigré polonais dur à cuire de la vieille époque.

 Le t-shirt délavé pas net ça fait pas très mature voire carrément ado attardé et fauché…

– Jean troué

 A l’arrache David, non jamais! Après le « jean boyfriend » le « jean Wozniak », le must de l’été 2012. Se porte sale, troué et large.

 Toile râpée, couleur fanée un tel falzar démontre un certain laisser-aller… Tu n’es pas vraiment de ceux qui prennent le taureau par les cornes mais de ceux qui courent pour ne pas se faire encorner et tentent parfois des feintes audacieuses pour détourner la bête.

– Vieilles baskets

Les baskets, même défraîchies, sont un vrai plus quand on doit pouvoir pousser une pointe, poursuivi par des enfants biologiques en mal de père ou des créanciers peu amènes.

Sans aller jusqu’à soutenir ceux qui disent que les chaussures reflètent beaucoup de la personnalité de celui qui les porte… disons que tu ne respectes guère le dicton de l’élégante Coco Chanel disant qu’il faut toujours « soigner les extrémités » .

 

– Appartement

 Ami camelot et adepte du « Bon coin » tu as trouvé la caverne d’Ali Baba ! Un joyeux bric-à-brac témoin d’une vie bien remplie et d’une passion pour le ballon rond
Ces dames de « C’est du propre » vont s’arracher les cheveux, la déco passe encore mais la crasse, ça ne passera pas. Chance de survie d’un bébé dans un milieu hostile comme ton appartement : 1 heure max !

 

Héros ou zéro … qu’il est difficile de départager !
Et pourtant, quand on y réfléchit bien, qu’on prend un peu de recul avec ce film, qu’on y repense quelques jours après …
Tous ces éclats de rire pendant la séance. Toute cette simplicité dans ses rapports aux autres. Tout ce bien qu’il nous a procuré pendant presque 2 heures.

Sans conteste, David Wozniak est un héros des temps modernes ! Justement car il représente cette certaine idée du zéro à laquelle nombreux sont ceux qui aspirent.

A la rencontre de plusieurs générations, la sienne à laquelle il ne veut pas ressembler, et la suivante, celle de ses enfants, dans laquelle il s’intègre sans problème … bien malgré lui, et parfois au désespoir de son entourage !

Point positif tout de même, en entamant la quête de leur père biologique, les 533 enfants du généreux donateur ne se doutaient certainement pas qu’ils allaient découvrir un personnage aussi attachant que ce David Wozniak.

Et pour terminer, un dernier conseil …

Si vos parents ont voyagé au Canada dans les années 80,
Et si vous avez un doute sur la paternité de David Wozniak à votre endroit.
Un test de paternité est disponible sur le site internet, sait-on jamais …
http://www.starbuck-lefilm.com/test-paternite/.

 

  • Réalisation : Ken Scott
  • Scénario : Ken Scott et Martin Petit
  • Production : André Rouleau, Caramel Films
  • Direction photo : Pierre Gill
  • Montage : Yvann Thibaudeau
  • Costumes : Sharon Scott
  • Compositeur : David Laflèche

Casting

  • Patrick Huard : David Wozniak
  • Julie Le Breton : Valérie, la petite amie de David
  • Antoine Bertrand : l’ami avocat
  • Igor Ovadis : le père de David
  • Marc Bélanger : Paul, frère de David
  • David Michaël : Antoine, un fils de Starbuck
  • Patrick Martin : Étienne, un fils de Starbuck
  • David Giguère : le porte-parole des enfants de Starbuck
  • Sarah-Jeanne Labrosse : Julie, une fille de Starbuck
  • Patrick Labbé : Maître Chamberland
  • Dominic Philie : l’autre frère de David




La guerre des clans aura bien lieu

Coralie, la vingtaine passée, Vicky pour les intimes anonymes du téléphone rose, vit dans un bled paumé en compagnie de son « père » et d’un ex-prisonnier enamouré. Pour voisins, 3 compères, caïds de la campagne, wesh wesh made in Tabernacland, dont les principales occupations se résument à jouer au ping-pong, à traquer du Frenchy égaré, à rouler des muscles pour devenir les maîtres absolus… d’un hameau. Deux prostituées russes complètent le tableau.
Ici, on pousse les indésirables de leur vélo à coups de voiture puis on achève les ennemis à bout portant. La mort plane et ce ne sont pourtant pas les coups de revolver qui l’annoncent. La mort s’est déjà installée dans les traits, les pas, les mouvements lourds de ces corps bruts mais lâches.

La nature, si souvent sujet de contemplation, se révèle oppressante.
Le ciel immense d’un blanc saturé menace à chaque instant de tomber sur la tête de ces hommes. Les nuages sont fixes. La vie semble s’être arrêtée.

« Rien ne bouge ».

Dans cette nature écrasante, tout en lignes arides, les personnages évoluent comme des ombres, des personnages de papier noir, ce qui n’est pas sans rappeler Michel Ocelot. Des pantins, en somme.
Il y a à cet égard une scène éloquente. Le petit chef en devenir se trouve dans un champ à côté d’une voiture. Batte à la main, une forme noire en mouvement massacre la voiture avec rage. On est frappés par cette explosion et pourtant, à l’image de ce bâton levé, un air de marionnette, on ne peut s’empêcher de penser à Guignol et à ses coups de bâton saccadés.

Car il y a bien quelque chose d’étrangement burlesque dans ce film.
On pense à Mrs Murdock et le rein de la délivrance. On aurait presque honte d’en sourire largement.
Le temps, aussi, est menaçant. Il passe à compte-gouttes et ce ne sont pas les tic-tac des horloges qui sonnent son inexorable lenteur mais le bruit des balles de ping-pong qu’on renvoie inlassablement au voisin en se relayant, jusqu’à se résoudre à se donner la mort, comme Alain, dans la solitude des champs de maïs.

Dans ce panorama cauchemardesque subsistent pourtant quelques points de lumière, témoins les prostituées russes et la forêt. Une forêt aux allures de conte de fées, irréelle, dangereuse, hors du temps. Ce sera pourtant là que l’héroïne ira trouver refuge, se balançant sur une barrière, comme l’enfant qu’elle n’est plus. Coralie est désorientée, et nous aussi. On est incertains, parfois mal à l’aise mais fascinés. On s’aveugle d’une heure et demie de N/B intense et lorsque l’on sort du film, on se surprend, les yeux au ciel, à en vérifier le bleu et à fixer d’un regard songeur les couleurs de l’été, comme dotés de nouveaux yeux.

Elle veut le chaos de Denis Côté. Avec Ève Duranceau, Nicolas Canuel, Normand Lévesque, Olivier Aubin, Laurent Lucas et Réjean Lefrançois. 1h45. 2008. Disponible en DVD.