Désolations en Alaska … La terreur selon David Vann

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Quand la rigueur des éléments n’est rien face à la froideur des sentiments humains, David Vann nous propose une descente dans l’enfer de la psychologie humaine.


Gary, la soixantaine approchant, décide de réaliser son rêve de jeunesse … Bâtir une cabane sur une île d’Alaska. Se contenter du strict nécessaire, et chaque jour défier la nature et la rudesse qu’elle impose à la vie.


Il entraîne Irene, sa femme, dans sa folle entreprise …
Et folle, elle aussi va le devenir progressivement. Méditant sur ce qui l’a poussée à suivre cet homme toute sa vie durant … A dire amen à tous ses projets …
Au-delà du projet de cabane, c’est toute sa vie de famille qu’elle reconsidère. A l’aune de ce qu’elle aurait souhaité. Le constat est sans appel et douloureux.


Autour de ce couple, nous assistons au déchirement d’une famille. En apparence, une famille.
En observant davantage, des individus ne partageant rien de plus qu’un lien de sang. La soeur (Rhoda) est une inconnue dans le coeur et dans les yeux de son frère (Mark).


Rien de plus en somme que la dramatique histoire de la vie, entre rêve de jeunesse, médiocrité du quotidien et désillusion à venir …


L’amour se transforme lentement en une routine ravageuse et destructrice, où le moindre obstacle prend la dimension d’un gouffre insurmontable.
Cette descente aux enfers inexorable tout au long de ces 300 pages plonge le lecteur dans une profonde angoisse.


A la sortie d’un tel roman, l’espoir paraît hors de propos, le bonheur honteux et le sentiment d’accomplissement illusoire.


David Vann réitère l’exploit de « Sukkwan Island » dans son deuxième roman traduit en Français sous le titre « Désolations » (« Caribou Island » dans son titre original). Il nous plonge dans les bas-fonds de l’âme humaine, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Paradoxal ? Je vous laisse juge …


Désolations est publié aux éditions Gallmeister (http://www.gallmeister.fr/) – 304 p. – 23 €

 

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