1

Mercredi – Un stylo dans la tête

Si on reconnaît quelqu’un à ses amis, les siens sont vraiment haut en couleurs. Karen, Olga, Raphaël et Raoul sont gratinés. Parfait donc pour être des personnages de théâtre. Voila ce que se dit le metteur en scène Victor Aubrac (interprété par Francis Perrin) dans « Un Stylo dans la tête ». Il prend la crème de la crème de leurs défauts et il monte une comédie. Enfin… il essaie!

Reste qu’il faut les convaincre d’être mis à nu devant un public qui ne demande qu’à rire de leurs petits travers. C’est là, la tâche ardue à laquelle notre metteur en scène à succès s’attelle dès l’ouverture du rideau mais sans grand renfort de gentillesse. Cet homme de théâtre un brin égocentrique est assisté, bon gré mal gré par son épouse (Anne Canovas). Mais à faire du faux avec du vrai on risque de se brûler les ailes ; la fiction va le rattraper… cruelle mais drôle avec des dialogues aux petits oignons.

On regrettera une mise en place longuette mais une fois que c’est parti c’est le grand folklore interprété avec beaucoup de talent par des acteurs qui ne tombent pas dans l’excès.

Du théâtre de boulevard, sur les Grands Boulevards exactement, au Théâtre des Nouveautés.

Un stylo dans la tête – Avec Francis Perrin from avosbillets.com on Vimeo.

Une comédie de Jean DELL avec Francis PERRIN

Mise en scène : Jean-Luc MOREAU & Anne POIRIER-BUSSON

Distribution : Anne CANOVAS, Sophie GOURDIN, Xavier GOULARD, Valérie EVEN et Éric BOUCHER.

 

Du mardi au samedi à 20h30

Matinées le samedi à 17h00

et le dimanche à 16h00




Very cold trip ou le fabuleux destin d’un chômeur qui va devenir papa

Alors ce n’est pas vraiment une comédie, pas non plus une tragédie, qu’on s’entende, c’est le film d’une réalité parfois un peu rude dans les pays scandinaves. Il fait froid, il neige fort, la nuit tombe super tôt et si t’as pas tes gants, t’es foutu.

Le narrateur n’est pas le héros mais son pote, un mec qui commence par énumérer des suicidés – oui, c’est le début du film. On se demande d’ailleurs tout du long s’il ne va pas suivre la même voie sur le même arbre à pendu. Bon, je ne vais pas non plus faire le spoiler…

Donc le héros, Janne – on prononce Yan’né, ouais je l’ai vu en VO et je suis fière de ma prononciation parfaite – se voit confier un ultimatum par sa copine qui en a marre de le voir se traîner du lit au canapé, et qui surtout, veut le tester pour savoir s’il est capable de mener à bien une mission simple en apparence et donc, s’il sera capable d’être père.

La route est donc longue, froide et semée de quelques embûches qui ne sont en fait pas si délirantes que ça, c’est l’accumulation qui rend le voyage hors de l’ordinaire. En gros, un film comme un conte, où le héros doit choisir entre se sortir les doigts du c** ou abandonner ; un film sympathique, avec une aurore boréale en prime.

Pour ceux qui ont vu Little Miss Sunshine, Very Cold Trip ne sera pas sans rappeler des situations similaires. En vérité, ce n’est pas dans les situations que la similitude est flagrante, que dans le fait qu’il s’agit simplement de l’histoire d’un bout de vie : pas de fin merveilleuse, quoique, mais comme une envie d’aller prendre un chocolat chaud avec ses amis et de sourire parce que la vie, ben c’est cool quand même.



Very cold trip, un film de Dome Karukoski




The Sleeper – Une course dans le temps à en perdre Allen


A la croisée d’Hibernatus (avec Louis de Funès), de Fahrenheit 451 (de Bradbury / Truffaut) et de 1984 (d’Orwell), The Sleeper est une grande farce tragicomique orchestrée d’une main de maître par Woody Allen au meilleur de son œuvre.

 

 

200 ans après avoir été cryogénisé à son insu, Miles Monroe, jazzman et gérant d’une épicerie végétarienne, se voit réveillé par des médecins révolutionnaires. Le monde qu’il découvre alors est réglé autour de la domotique, des gadgets, des robots. Il est vite considéré comme un alien échappé d’une planète mystérieuse et représentant un sérieux danger public. Mais c’est également ce manque d’identité qui lui confère un réel pouvoir aux yeux des révolutionnaires qui voient en lui le seul être capable de les libérer du joug totalitaire dont ils sont les victimes.

 

Sorti dans les salles obscures en 1973, The Sleeper vient trouver un écho dans l’actualité des derniers mois et années, au cœur des différents débats qui ont agité l’opinion publique, tels que les OGM, la gestion des données personnelles et médicales, le clonage, l’intrusion des robots dans la vie quotidienne, mais également sur un plan plus politique, la répression et le flicage de plus en plus présents dans notre société moderne.

 

 

Inquiétante vision d’un futur devenue réalité.

 

Des tomates pesant 50 kilos faisaient évidemment sourire à l’époque. Qu’en serait-il aujourd’hui ? Aujourd’hui où nous consommons des tomates sans pépins, des fruits sans peau, des légumes résistant à leurs prédateurs naturels.

 

Il semblait alors absurde de songer à la possibilité du clonage d’un être humain entier uniquement grâce à son nez. Qu’en est-il de la viande que nous mangeons tous les jours ? Des Américains payant des fortunes pour voir leur animal de compagnie tant chéri revivre à leurs yeux sous la forme d’un clone, obtenu uniquement à l’aide d’une cellule de l’original ?

 

Tout aussi absurde et alarmiste était cette immense base de données.
Que contient-elle ? Les informations personnelles relatives à chaque individu, ses convictions politiques, les moindres détails de sa vie privée, professionnelle, intime.
Si je vous souffle à l’oreille des mots tels que « passeport biométrique », « Facebook », « réseaux sociaux », vous commencez à voir où je veux en venir ?

 

A travers ce film aux abords loufoques, Woody Allen se positionne en inquiétant visionnaire d’une société future, ou plutôt du futur de notre société. Il la datait de la fin du 22e siècle, n’imaginant sans doute pas que, à peine 40 ans après la sortie de son film, tant d’éléments appartiendraient déjà à la réalité de son quotidien.

 

 

On ne pourra pas dire que l’on n’avait pas été prévenu !

 

The Sleeper – écrit, dirigé et avec Woody Allen – 1973