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[Théâtre] Entre passé et présent campent « Les Oubliés (Alger-Paris) »

Au dîner de mariage © Christophe Raynaud de Lage, coll. CF

À travers des histoires de famille enfouies, le Birgit Ensemble fait entendre les voix tristes et belles des effacés de la grande Histoire. Grâce à un récit situé entre la guerre d’Algérie et 2019, ce spectacle échappe adroitement aux discours mielleux et misérabilistes.

De manière apaisée, Julie Bertin et Jade Herbulot abordent des épisodes fondamentaux de cette décolonisation de l’Algérie, embarrassante pour la France. Les bidonvilles à Nanterre dans les années 1960, les exilés de la guerre, le sort tragique des harkis après l’indépendance, du 5 juillet 1962. Ces traumatismes sont portés à la scène sous forme de secret de famille. Et c’est par un mariage en 2019 que le tout, bien ficelé, va exploser aux visages de ceux qui portent, sans le vouloir, ce passé enterré. 

Car Karim et Alice se marient. Tous les deux sont français, lui, est d’origine algérienne. Judith Benhaïm, la maire qui les unit est juive, elle aussi d’origine algérienne et se réjouit de ce métissage, dans son discours aux époux. A priori, tout le monde est content. A part peut-être le père de la mariée,  carrément raciste, qui ne se rappelle pas du prénom de son gendre. Alors ça va péter. Parce que ça boit, ça bouffe et forcément ça déborde. Remontent à la surface des origines cachées, des souffrances enfouies et des non-dits terribles. 

Face à face 

Au milieu de la salle : la scène. Assis de part et d’autre, les spectateurs peuvent se voir. De même que les personnages doivent regarder dans les yeux leur roman familial, le public comprend une histoire différente de celles que racontent les programmes scolaires. Le Birgit Ensemble délivre ainsi un propos, pédagogique et efficace, sur la guerre d’Algérie, la mémoire, la patrie. Un spectacle qui ne manque pas de nous toucher ; sans que l’on s’y attende, sans que l’on s’en aperçoive.

« Les Oubliés (Alger-Paris) », texte et mise en scène du Birgit Ensemble, formé par Julie Bertin et Jade Herbulot.

Durée : 2h10

Jusqu’au 10 mars, à la Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier.




Wildlife : Une saison ardente – Histoire d’une (admirable) descente aux enfers

On connaissait le rêve américain, nous voilà plongés dans le cauchemar américain. Un pays en pleine mutation, au début des années 1960, un contexte politique mouvant, une société qui se transforme, les relations hommes / femmes qui prennent une nouvelle teinte. Nous sommes pourtant bien loin dans ce film de la frénésie des grandes villes de la côté Est.

Ici, c’est le Montana, la rudesse du climat et des éléments qui vient s’entrechoquer avec celle des sentiments et des rapports humains. Ainsi, l’harmonie qui règne, ou a minima semble régner, entre Jeanette, Jerry et Joe Brinson, va lentement se disloquer en prenant comme miroir les yeux du jeune adolescent, enfant unique, involontairement centre du drame qui se prépare. Et paradoxalement, le jeune homme représente à lui seul, l’image de la maturité, de la sagesse et de la stabilité au milieu d’un chaos en voie d’explosion.

On assiste ainsi à la lente descente aux enfers, physique, psychologique, d’une famille sans histoire, dépeinte avec un talent hors norme dans ce premier long métrage de Paul Dano. L’image splendide magnifie cette sensation de longue dépression, d’abord latente puis qui vient tout balayer, sans refuge possible. Au cœur du brasier, l’impeccable et incroyable Ed Oxenbould (Joe Brinson) impressionne par son jeu. Pas de superflu, une justesse des expressions, un rôle poignant pour cet adolescent écartelé au croisement des voies choisies par ses parents, seul détenteur de douloureux secrets, et toujours garant du maintien de l’équilibre familial.

Primé au festival du film de Turin et sélectionné à celui de Sundance, Wildlife vous marque, vous touche, vous retourne même, par la justesse et la sincérité des personnages qui composent ce drame, rien que trop banal, et aux relents amèrement contemporains.

 

 

Fiche technique
Titre original : Wildlife
Titre français : Wildlife – Une saison ardente
Réalisation : Paul Dano
Scénario : Paul Dano et Zoe Kazan, d’après le roman Une saison ardente (Wildlife) de Richard Ford

Distribution
Carey Mulligan : Jeanette Brinson
Jake Gyllenhaal : Jerry Brinson
Ed Oxenbould : Joe Brinson
Bill Camp : Warren Miller
Mollie Milligan : Esther
Zoe Margaret Colletti : Ruth-Ann




[Cinéma] Entretien fleuve au cœur de Nostos Algos

Nostos Algos © Ysé Sorel

Jeune réalisatrice, Ysé Sorel montre déjà sa patte au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux. Dans la compétition « Contrebandes », qui présente uniquement des premiers métrages auto-produits, Nostos Algos retient notre attention. Ce film est un voyage dans la vie de Yorgos, un Crétois qui retourne sur sa terre natale en crise économique. Ysé Sorel raconte comment la nostalgie a guidé un travail qui semble fasciné autant par un territoire que par ceux qui l’habitent.

Arkult.fr : Après la philosophie et le théâtre, comment en êtes-vous arrivée au cinéma ?

Ysé Sorel : Par surprise, car je n’y était pas attendue. Je ne l’ai pas étudié, ce qui d’ailleurs me permet une grande liberté. Je me méfie de l’uniformisation des écoles, cela me ferait perdre toute la liberté que j’éprouve dans le médium cinéma. Et puis j’ai assez fait d’études comme cela!

Arkult.fr : Justement, comment vous êtes vous servie de vos études dans ce premier long métrage?

Ysé Sorel : J’ai pensé ce film comme un essai philosophique sur la nostalgie. J’ai simplement trouvé d’autres moyens de m’exprimer : les images, le son… Je n’aime pas uniquement les films qui convoquent la philosophie, mais c’est un cadre que j’avais envie d’explorer. D’ailleurs je m’y sens bien.

« Où je vais ? Qu’est-ce que je veux faire ? Des questionnements intimes autant qu’universels »

Arkult.fr : En quoi Nostos Algos est-il un film personnel ?

Ysé Sorel : Je raconte la crise de Yorgos, le personnage principal, qui soulève des questions aussi intimes qu’universelles je pense. Je les suggère à l’écran avec des couvertures de livres qui m’ont accompagnés, parfois même tourmentés. Où je vais ? Qu’est-ce que je veux faire ? Toutes ces incertitudes me parlent d’autant plus que c’est un film d’apprentissage. Dans ce sens qu’il raconte un personnage qui se cherche, dans un pays qu’il a quitté et qui demeure en crise. Mais également puisque j’ai appris à faire du cinéma en réalisant ce projet. 

Nostos Algos © Ysé Sorel

Arkult.fr : Tous les personnages jouent leur propre rôle. Comment gère-t-on cette distance propre à l’auto-fiction ?

Ysé Sorel : Faire son miel avec le pollen de vraies existences sans tomber dans le vampirisme est extrêmement complexe. Je me suis beaucoup posée la question car ce film est à la frontière entre le documentaire et la fiction. Je crois ne pas avoir céder à cette tentation vampiriste. Parfois Yorgos a dû me donner beaucoup, et cela lui a coûté. Mais il a accepté de devenir cette surface : le personnage principal.

Arkult.fr : Qu’est-ce qui se joue dans la scène du premier repas en famille ?

Ysé Sorel : Il n’y a que du pain dur sur la table, et l’on comprend que c’est la crise. Mon but n’était vraiment pas de faire un film les difficultés économiques de la Crète. On les saisit par endroits mais j’ai juste voulu parler d’une famille, prise dans cette tourmente là. Cette histoire de pain dur rends la chose plus juste. Ce moment d’émotion fait partie des cadeaux  qu’offre le documentaire. Bien sûr cela est mis en scène, mais ce sont de vrais gens qui jouent leur propre rôle, alors c’est très touchant.

Nostos Algos © Ysé Sorel

Arkult.fr : Le calme qui règne dans votre film s’est-il imposé par ce que vous avez vu sur place ou c’est une pure construction ?

Ysé Sorel : J’ai vraiment ressenti cela là-bas. La nostalgie réside aussi dans cette tranquilité. La Crète est un territoire assez particulier par rapport à la Grèce, il s’y dégage une atmosphère rassurante. Certains ne croient pas à la crise, de par l’absence de tumulte. Un des personnages dit même qu’elle n’existe pas. Avec son fromage et ses tomates il ne manque de rien. C’est une vraie leçon de vie. 

« J’aime être nostalgique car c’est une douceur, un peu comme ce voyage. »

Arkult.fr : Nostos Algos en grec signifie « nostalgie ». Quelle serait votre définition de la nostalgie ?

Ysé Sorel : Pour moi ce serait ce film. La nostalgie est un sentiment que l’on ressent plus ou moins. Comme un souvenir de l’enfance ou de toutes petites choses : une odeur, une photo, une sensation qui souvent nous échappe… À mes yeux c’est la conjonction entre un moment et un lieu qui ont marqué notre vie. La recherche de nostalgie est de l’ordre de l’insaisissable. J’y vois une forme de beauté qui me touche beaucoup. J’aime être nostalgique car c’est une vraie douceur, un peu comme ce voyage.

Nostos Algos © Ysé Sorel

Arkult.fr : Vous filmez beaucoup d’images fixes. Quelle place tient la photographie dans votre travail ?

Ysé Sorel : Je la pratique de plus en plus, plutôt sur pellicule. J’ai donc un rapport très graphique à la manière de filmer. Les natures mortes en peinture m’inspirent d’ailleurs beaucoup. Je crois que je mets à l’épreuve mon oeil dans ces détails. J’essaie de donner au spectateur une forme de liberté pour qu’il puisse investir ses propres souvenirs dans les images que je montre.

Arkult.fr : « Quelle dose de pays natal vous faut-il ? » est une question que vous posez, alors on vous la retourne…

Ysé Sorel : Barbara Cassin le dit de manière très juste dans son ouvrage La Nostalgie : « On est chez soi quand on est accueilli ». J’ai tellement ressenti ça en Grèce que j’aimerais trouver le moyen d’aller habiter là-bas. Ce n’est pas mon pays natal car je me sens très française mais j’ai besoin de cet endroit, de sa simplicité.

Nostos Algos © Ysé Sorel

Propos recueillis par Philippine Renon.




[Théâtre – Avignon] Où vont « Les choses qui passent » ?

Abke Haring (Elly) et Aus Greidanus Jr. (Lot) dans « Les choses qui passent » m.e.s. par Ivo Van Hove © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Le récit transgénérationnel de Louis Couperus, fabuleusement mis en scène par Ivo Van Hove, propose une immersion dans une famille rongée par un lourd secret. Parmi « Les choses qui passent » il y a surtout la jeunesse. L’angoisse universelle de vieillir magnifiée par une certaine lenteur, peut s’avérer trop opaque pour les jeunes générations.

Qu’est-ce que la vieillesse ? Le metteur en scène belge et directeur artistique du Toneelgroep d’Amsterdam ne l’explique pas, il le montre. Les comédiens plient le dos, traînent une patte folle ou claudiquent sur une canne. Un couple de petit vieux se poste à la fenêtre chaque jour qu’il leur reste, parfumant l’atmosphère d’un « je-ne-sais-pas-trop-quoi » hérité de Beckett. De la décrépitude ? Et si tout ces vieillards assombris tiennent le choc, c’est car depuis soixante ans, ils ruminent une histoire sordide, plus ou moins bien cachée.

La veille de leur mariage, deux époux s’aiment juste « bien ». Miné par un amour excessif pour sa mère, Lot n’est pas un sensuel et Elly fera avec. La tendresse est entre eux de l’ordre de l’amitié mais l’on assiste tout de même à une parade nuptiale complètement déjantée.

Une mère dépendante de l’affection des hommes cache la frustration de n’avoir pas eu de père. Les liens de cette famille sont nocifs et dérangent, néanmoins ils sont forts. Les plus âgés s’agglutinent en bande, tous unis par le noir des vêtements qu’ils portent. Les moins vieux sont eux aussi, vêtus d’habits de deuil, mais se déplacent à deux, et bien plus souvent seul. Cela fait partie des images, des allégories, qu’un néophyte aimerait pouvoir saisir d’emblée.

Dépeignant ce qu’il y a de pire au sein d’une famille, et ce avec une grande force notamment corporelle, l’adaptation d’Ivo Van Hove fait l’unanimité en cette 72e édition du Festival d’Avignon. Pourtant elle laisse de marbre quelques esprits plus jeunes qui, tout à fait concernés par le temps qui passe, auraient pris du plaisir à s’identifier. À trop esthétiser la froideur des personnages, un spectateur novice ne peut s’intéresser au plus profond du propos. Ces « choses qui passent » pourtant, sont bien universelles.

« Les choses qui passent » m.e.s par Ivo Van Hove d’après un texte de Louis Couperus
Jusqu’au 21 Juillet dans la cour du Lycée Saint-Joseph, Avignon
Plus d’informations sur https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/




[Cinéma] Moi, Tonya

© Mars Distribution

Courte mais intense, la carrière de la patineuse Tonya Harding inspire tumulte et violence au réalisateur Craig Gillespie (Une Fiancée pas comme les autres ou The Finest Hour). Si Moi, Tonya ne semble ni savoir où aller ni quoi nous dire, c’est peut-être pour coller à l’image d’une héroïne paumée.

Tonya Harding c’est d’abord une petite fille qui ne se remettra jamais du départ de son père, elle se crèvera d’entraînement pour la seule chose qu’elle sait faire : patiner. Adolescente en lutte éternelle contre elle-même, elle va quitter très tôt une maison toxique. Malmenée par une mère qui la frappe, la rabaisse, elle se barre à quinze ans, barbelé sur les dents avec un mec violent qui la cogne, lui aussi. Si elle sait se défendre avec son effronterie, elle maquille ses bleus dont elle a tant besoin. On la bat et cela la booste, elle rappellera même Jeff, devenu son ex-mari, la veille d’un championnat, tant elle a besoin de coups pour se remotiver.

Mais pour qu’un scénario patine si lourdement, c’est qu’entre portrait, enquête, psychologie de comptoir ou simple tranche de vie, on ne sait pas où cela va. Qu’est-ce qu’un biopic qui balaie en trois dates et pas plus de scènes sur la glace, une carrière si houleuse ? Même si Margot Robbie excelle autant sur des patins que dans les baskets de la championne, l’histoire est trop brouillonne et part dans tous les sens. Sur une pseudo-rythmique d’allers-retours maladroits entre interviews de l’athlète et immersion dans son couple, le spectateur peut se perdre dans un film incomplet. L’envie irrépressible de trouver un documentaire sur la vie de la vedette peut être dérangeante car malgré le titre qui emphase sur le « moi » de Tonya, c’est plutôt sur le reste que la camera se braque. On sort peu renseigné de cette biographie satisfaite de la facette badass du personnage Harding.

L’explosion de sa carrière occupe à peine l’espace dans deux heures assez longues. Cinq minutes à l’écran pour ce coup de matraque qui secoua le monde du sport ainsi que toute la presse. Cela semble un poil court pour « l’affaire Harding-Kerrigan » que l’on ne présente plus, mais surtout mal jaugé pour l’instant fatidique qui fit basculer toute entière la vie d’une championne. Depuis qu’elle a trois ans elle s’exerce sur la glace mais c’est sur à Lillehammer qu’elle patinera hélas pour la dernière fois. Retour en 1994 quand les JO d’hiver se déroulaient en Norvège et que Tonya Harding amorçait son épreuve : le fameux programme court. Celle qui fut la première, femme et américaine à réaliser un triple axel est sous une pression monstre. Un lacet qui la gêne, elle demande au jury une seconde chance sur la piste : ils acceptent mais elle chute, et à plusieurs reprises. Dommage que Gillespie n’ait fait que survoler ce passage crucial… Trop déstabilisée par les soupçons qui pèsent sur elle et son entourage à propos de l’attaque de Nancy Kerrigan, adversaire éternelle, elle finira 10e. Alors que sa rivale blessée six semaines plus tôt décroche sur le podium la médaille d’argent, Harding est détrônée mais aussi démasquée comme complice dans cette histoire de coup-bas aux vestiaires.

Sans grande surprise alors un spectateur peut facilement se laisser aller à moult rebondissements. D’autant que le réalisateur ne manque pas de faire de l’humour, mais cela ne suffit pas pour que le film se tienne. Néanmoins on comprend, par un formidable finish, que la danseuse brutale va se reconvertir. Peu svelte sur la glace elle sautille sur un ring puisqu’elle choisit la boxe. Petite fille battue mais pas des moins robustes, on saisit (bien trop tard!) une femme inébranlable, et la boucle est bouclée.

« Moi, Tonya » de Craig Gillespie, sortie au cinéma le 21 février 2018

Tonya Harding : Margot Robbie (sélectionnée pour l’Oscar de la meilleure actrice)
LeVona Fay Golden : Allison Janney (Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle)
Jeff Gilooly : Sebastian Stan

 




[Théâtre] La Clef de Gaïa – Des airs de famille …

Voilà maintenant plus de 3 ans que La Clef de Gaïa a été présenté pour la première fois au public. Quelques tournées et festivals d’Avignon plus tard, l’équipe a posé sa tente depuis fin septembre au Théâtre des Mathurins, en plein coeur de Paris.

Mais on oublie vite la frénésie des grands boulevards si proches, dès que la lumière tombe et que les premiers mots retentissent. Nous sommes plongés dans les évocations de l’Algérie du milieu du siècle dernier. Lina Lamara nous emmène faire connaissance avec sa famille et plus spécialement sa grand-mère paternelle, sa Mouima. Déjeuners en famille (nombreuse), scènes de la vie quotidienne, rituel du hammam, le spectateur est littéralement présent au coeur de cette vie de famille.

Le talent de la comédienne nous fait ainsi passer d’un personnage à l’autre, son jeu se transforme du tac au tac, de l’aïeule et son langage tout en images et en sonorités méditerranéennes, à l’adolescente ennamourée aux complaintes revêches, et aux airs américains. Car c’est bien toute une vie qui nous est donnée à voir au travers du prisme de l’enfant grandissant et s’épanouissant sous nos yeux. Toute une vie imprégnée par l’histoire et l’héritage d’un pays meurtri par de terribles événements, mais également sublimé par une culture séculaire, où le partage, la famille, la bienveillance envers l’autre font office de lois naturelles. La vie d’une Mouima, ordinaire dans sa vie de tous les jours, extraordinaire aux yeux et dans le coeur de sa petite fille. Cette petite fille qui se présente à nous, sur scène, et nous envoûte aux mélodies des mondes qui s’entrecroisent dans sa vie et ses envies.

Portée par les accords d’une guitare, tantôt discrets, tantôt enjoués voire endiablés, Gaïa, comme l’appelle sa Mouima, nous transporte. En explorant ces différents mondes qui l’attirent ou l’aspirent, c’est aussi sa Mouima qui va s’ouvrir et se confier, destins croisés de deux femmes et de deux époques.

La mise en scène, sans extravagance, précise sur les jeux de lumières et les effets sonores, accompagne et magnifie l’évocation de ces destins familiaux. Et si certains instants peuvent sembler décousus ou certaines répliques parfois attendues, l’ambiance magique qui règne dans la salle est plus forte, l’émotion prend le dessus. La beauté des personnages que l’on observe, tout en simplicité et en naturel, fait mouche dans notre contexte troublé et incertain, où certaines valeurs semblent s’effacer progressivement de la nature humaine.

Alors, n’oubliez pas votre d’offrir une orange à ceux qui vous sont chers …

Affiche

La Clef de Gaïa
Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins, 75008 Paris
Du jeudi au samedi, à 19h
28 euros en placement libre
Avec : Lina Lamara, Pierre Delaup
Mise en scène : Cristos Mitropoulos
Lumières : Maxime Roger
Décor : Christian Courcelles
Production : Compote de Prod
Réservations : http://www.theatredesmathurins.com/spectacle/336/la-clef-de-gaia




[Théâtre] Juste la fin du monde au Théâtre de Verre

Photo : Victoria Sitja

En avril dernier, Victoria Sitjà nous avait éblouis pour sa mise en scène des « Trois Sœurs » de Tchekhov, et sa capacité remarquable à créer, sans moyens, de très belles images. Elle nous a marqué également par son idée d’aborder les questions de l’héritage et de la nostalgie à travers une trilogie composée à partir d’auteurs et de messages différents. Pour continuer ce travail, elle a mis en scène « Juste la fin du monde », de Jean-Luc Lagarce, s’inscrivant ainsi autant qu’elle se détache de l’actualité autour de cette pièce.

« Je décidais de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage », dès les premiers mots de Louis, la question de l’héritage chère à Victoria Sitjà est palpable. On ne cesse jamais de découvrir sa propre famille. À chaque retour chez soi, qui ne se rend pas compte que ces personnes qui nous élèvent ne nous connaissent finalement que peu ?

Le dispositif bifrontal, qui place toute l’action sur la longueur, bien que nous offrant l’excitante position de voyeur, ne porte pas toujours ses fruits dans les effets attendus par le spectateur. Parfois, la famille autour de Louis apparaît telle une brochette, figée, comme tenue par un pique. Une lecture carnassière de l’origine de Louis ? Ce parti pris souligne néanmoins la solitude évidente d’un héros isolé de par le regard de sa propre famille. À plusieurs reprises, le rythme des scènes le laisse à l’écart, en quelques échanges, il se retrouve seul si bien que les glissements vers les monologues se font avec fluidité. Autour de lui, les mots fusent, ils sont coupés, mâchés, débités, le dire des autres personnages crée une musique qui assaille, surcharge les épaules de Louis qui est le seul à parler posément. La mise en scène concoure toujours à renforcer cet effet. Dès que Louis est en famille, les lumières clignotent, les scènes s’enchaînent de même que le choix des musiques effectués par Victoria Sitjà qui nous donne à voir des images spectaculaires allant directement contraster avec les moments de solitude du héros qui, pour autant, sont particulièrement esthétiques. On se souvient par exemple de la famille qui, d’une marche synchronisée, soulève l’estrade depuis laquelle Louis déclame ses souffrances, annonçant le cortège funèbre prochain. À plusieurs reprises, la jeune metteure en scène réussit à nous saisir par ses tableaux devançant le texte et défiant l’action à venir.

On est marqué par le jeu classique d’Alexandre Risso (Louis), il contraste avec une Suzanne touchante, sincère, dont le rôle nous rappelle celui de Macha dans les « Trois Sœurs » où la comédienne s’était déjà illustrée. Mais la plus marquante, celle qui le mieux « cherche la vérité de son personnage, et arpente la réalité onirique de la représentation qu’elle crée », pour reprendre les mots de Krystian Lupa, reste la mère, vécue plus qu’incarnée par Dorothée Le Troadec, si jeune mais évoquant pourtant tant d’expérience, elle marque l’ensemble de la troupe par la puissance de son talent.

Par les contrastes dans le jeu et la plus grande simplicité de la mise en scène « Juste la fin du monde » marque une étape, certes moins aboutie que « Les Trois Sœurs », mais qui trouve une logique dans le travail en cours de Victoria Sitjà. Une étape qui accroit notre désir de découvrir cette trilogie dans son ensemble.

« Juste la fin du monde », de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Victoria Sitjà, au Théâtre de Verre en décembre 2016.




Actu : Décembre en famille dans les Musées de la Ville de Paris

 Programmation des vacances de Noël dans les Musées de la ville de Paris

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> J-15 avant Noël : LE WEEK-END GRATUIT EN FAMILLE LES 10 & 11 DÉCEMBRE 2016
Le temps d’un week-end, Paris Musées lance sa saison festive hivernale et invite les enfants à partir de 4 ans et leurs parents à découvrir les musées autrement.
Ateliers, visites guidéeset contées, spectacles et concerts, composent une programmation gratuite et spécialement conçue pour les familles.
Conçu en écho de leurs collections et des expositions en cours, ce weekend est l’occasion de partager des moments uniques dans l’univers artistique et littéraire des musées de la Ville de Paris et découvrir ou redécouvrir les musées de la ville de Paris de manière ludique.
C’est aussi un temps privilégié pour donner aux enfants le goût des musées et apprendre tout en s’amusant.
> LES VACANCES AU MUSEE
Pendant les vacances de Noël, Paris Musées proposent aux familles une programmation
spécifique dans le réseau des musées de la Ville de Paris.
Au Petit Palais, au Palais Galliera, au Musée Bourdelle… une riche programmation vous attend : ateliers, visites, animations, visites dessinées… il y en a pour tous les goûts !

Programme détaillé du week-end gratuit :

(Le programme complet est ici téléchargeable sur le site de Paris Musées !)

 

SAMEDI 10 DÉCEMBRE

MUSÉE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS

Samedi 10 décembre à 16h et dimanche 11 décembre à 16h – A partir de 6 ans sur réservation

Visite découverte en famille
des œuvres phares de la collection

Accompagnées
par un intervenant, parents et enfants partent à la découverte de La Danse
d’Henri Matisse et des œuvres colorées de Robert Delaunay . Une visite
immersion dans les chefs d’œuvres de la collection vécue et partagée en
famille.

Dimanche 11 décembre – 14h, 15h et 16h – À partir de 3 ans – Durée : 1h

Au point Némo, visite et atelier

Parents et enfants découvrent l’installation Point Némo
de l’artiste Laurence Le Deunff en parcourant un environnement coloré agrémenté
de drôle de sculptures. Le visiteur est invité à pénétrer dans un monde aquatique, fantastique et peuplé d’animaux marins bienveillants. L’atelier est une invitation en famille, à imaginer et créer en modelage, les créatures qui semblent s’être enfuies à notre arrivée et dont il ne reste plus que les queues ! 

 

MAISON DE BALZAC

15h30 – À partir de 11 ans – Durée : 1h

Représentation théâtrale Le Père Goriot, d’après Balzac

Adaptation pour le théâtre, de l’un des romans les plus connus de Balzac, Le Père Goriot. Dans une mise en scène dynamique, trois acteurs endossent avec virtuosité les rôles féminins grâce au truchement des masques empruntés à la commedia dell’arte. L’adresse de leur jeu oscille entre émotion, poésie et drôlerie. Un dispositif simple qui crée un effet maximum.

Avec Thomas Ganidel, Marc-Henri

Lamande et Didier Lesour.

Mise en scène de Frédérique
Lazarini.

 

MUSÉE BOURDELLE

de 14h à 17h – À partir de 10 ans – Durée : 3h

Un monument pour la paix

Visite de l’exposition « De Bruit et de Fureur. Bourdelle sculpteur et photographe » suivie d’un atelier de modelage. Comment représenter un symbole, un concept ? Après avoir visité l’exposition temporaire, les apprentis sculpteurs mettent en forme leurs idées et créent une maquette en argile de leur proposition.

 

MUSÉE CERNUSCHI

11h – Pour les 4 / 6 ans – Durée : 1h30

Perroquets exotiques, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse
Ting »

S’inspirant des couleurs vives des œuvres de Walasse Ting, petits et grands illustrent des perroquets aux couleurs flamboyantes.

15h et 16h30 – De 5 à 10 ans – Durée : 1h

Spectacle d’ombres chinoises L’enfant magique et le roi dragon

Ce spectacle musical d’ombres chinoises, donné par le théâtre du petit miroir dans l’auditorium du musée Cernuschi, est tiré du Roman de l’Investiture des Dieux. Cette histoire de querelles divines est exclusivement montrée en spectacle avec le théâtre d’ombres. Les ombres chinoises utilisées sont des figurines en peaux finement ciselées, teintées et translucides, qui projettent des ombres colorées sur l’écran.

16h30 – Pour les 6/8 ans – Durée : 1h30

Sauterelles et libellules, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse
Ting »

Les familles sont invitées à imaginer et faire vivre ces petites bêtes dans une nature foisonnante.

15h – Pour les 9 / 12 ans – Durée : 1h30

Le mot dessiné, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse
Ting »

À la manière de Walasse Ting, les enfants et leurs parents s’initient de façon ludique et dynamique à la calligraphie.

 

MUSÉE COGNACQ-JAY, LE GOÛT DU XVIIIe

11h – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

La vie quotidienne au siècle des Lumières,
visite-animation

Au cours d’une visite ludique, les enfants et leurs parents découvrent la vie quotidienne au XVIIIe siècle à travers les collections de peintures, sculptures, meubles et objets d’art.

14h30 et 16h – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Mystères au musée,
visite-animation

 Guidés par une animatrice, les petits et les grands découvrent les collections tout en aiguisant leur sens de l’observation, et en répondant aux énigmes qui leurs sont posées tout au long de la visite.

 

CRYPTE ARCHÉOLOGIQUE DE L’ÎLE DE LA CITÉ

10h30 et 15h – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Dessous-dessus, visite découverte

Après une découverte de la Crypte archéologique, les participants sont invités depuis le parvis à faire jouer leur imagination pour retrouver les traces du passé et imaginer l’atmosphère changeante de l’Île de la Cité au fil des siècles et de ses transformations.

11h – À partir de 8 ans – Durée 1h30

Pile et face, visite dessinée

Des histoires et des monnaies en veux-tu, en voilà pour tout connaître ou presque de la numismatique, avec en prime la réalisation de sa propre planche de monnaies !

14h – À partir de 8 ans – Durée : 1h30

Mission archéo, Visite-animation

De la découverte à l’interprétation, de la préservation à l’exposition, la visite-animation permet de mieux comprendre les enjeux de l’archéologie et de sensibiliser les enfants au métier d’archéologue.

15h30 et 16h30 – À partir de 5 ans – Durée : 1h30

L’île aux trésors, visite contée 

Un aventurier accoste sur l’île de la Cité. L’on dit qu’un trésor y est caché… Vieilles pierres ou pièces de monnaie ? C’est l’histoire de Paris qui le dit !

16h  – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Visite de l’exposition « L’or du pouvoir »

L’exposition spécialement conçue pour les familles, présente, en regard des vestiges archéologiques de la Crypte, une sélection exceptionnelle de monnaies, témoins matériels de l’histoire de Paris et de son évolution de Jules César à Marianne.

 

PALAIS GALLIERA

10h – À partir de 8 ans – Durée : 3h

Visite contée et calligramme dans l’exposition « Anatomie d’une collection »

Après la visite contée, les parents et les enfants réalisent un calligramme. Les mots décrivant le vêtement ou l’accessoire d leur choix prendront la forme du modèle choisi.

14h30 – À partir de 13 ans – Durée : 1h30

Visite de l’exposition « Anatomie d’une collection »

Les jeunes et leurs parents découvrent ensemble l’exposition « Anatomie d’une collection ».

 

MAISON DE VICTOR HUGO

10h et 13h45 – À partir de 6 ans – Durée : 1h

L’art d’être grand-père

11h30 – À partir de 9 ans – Durée : 1h

Notre-Dame de Paris

13h30 – À partir de 9 ans – Durée : 1h

Cosette et Gavroche

15h – À partir de 6 ans – Durée : 1h

Monstres et merveilles

15h – À partir de 9 ans – Durée : 1h

Gilliat le marin

La Maison de Victor Hugo propose un éventail de visite contées pour des petites et grandes oreilles. La poési sera à l’honneur dans les deux thèmes dédiés aux plus jeunes  L’art d’être grand-père présente Hugo « papapa » ainsi nommé e décrit par son petit-fils Georges, Monstres et merveilles chez M. Hugo est une balade enchanté à travers les décors imaginés et créés par l’écrivain, plei d’oiseaux merveilleux, mais aussi de lions ou de dragon étranges. Trois autres thèmes de visites contées sont destinées au plus grands offrant le plaisir de plonger dans l’univers de Notre-Dame de Paris, Les Misérables ou Les Travailleurs de la Mer.

 

MUSÉE DE LA VIE ROMANTIQUE

14h30 – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Visite découverte pour les petits et les grands

Cette visite est l’occasion de découvrir en famille les œuvre phare du musée, mais aussi d’explorer la maison, les atelier et le jardin.

 

MUSÉE ZADKINE

10h – À partir de 15 ans – Durée : 3h

Mémoire dessinéee, The Hollow Men Atelier dans le cadre de l’exposition De(s)Tin(s) de guerre

Les participants dessinent au trait et à la manière de Zadkine autou de l’œuvre de Chris Marker, hommage au poème de TS. Eliot.

 

DIMANCHE 11 DÉCEMBRE

MUSÉE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS

14h, 15h et 16h – À partir de 3 ans. – Durée : 1h

Inventer de toute pièce, mini atelier dans l’exposition « Carl Andre »   

Carl Andre conçoit des installations qui modulent l’espace. Parents et enfants après avoir visité l’exposition munis d’un livret jeux, son invités à réaliser à partir d’éléments en bois leur propr installation avec l’aide d’une intervenante plasticienne.

16h – À partir de 6 ans – Durée : 1h – Sans réservation.

Visite découverte de l’exposition Carl Andre, Sculpture as place,1958-2010*

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

 

MAISON DE BALZAC

16h30 – À partir de 11 ans – Durée : 1h – Représentation théâtrale

Le Père Goriot, d’après Balzac

(Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi)

 

MUSÉE CERNUSCHI

11h – Pour les 4 / 6 ans – Durée : 1h30

Perroquets exotiques, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse Ting »

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

15h et 16h30 – De 5 à 10 ans – Durée : 1h

Spectacle d’ombres chinoises L’enfant magique et le roi dragon

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

16h30 – Pour les 6 / 8 ans – Durée : 1h30

Sauterelles et libellules, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse Ting »

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

15h – Pour les 9 / 12 ans – Durée : 1h30

Le mot dessiné, visite-animation pour découvrir l’exposition « Walasse Ting »

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

 

MUSÉE COGNACQ-JAY, LE GOÛT DU XVIIIe

11h – À partir de 6 ans – Durée : 2h

Portrait au pastel, atelier

Après l’observation des œuvres de la collection, les enfants e leurs parents sont initiés en atelier à la technique du pastel.

16h – À partir de 6 ans – Durée : 1h

Les Quatre Saisons de Vivaldi

Avec les musiciens de l’Orchestre de Paris, présentation de instruments du quatuor et extraits musicaux des Quatre Saisons de Vivaldi, en écho ave les oeuvres du musée.

 

CRYPTE ARCHÉOLOGIQUE DE L’ÎLE DE LA CITÉ

11h – À partir de 8 ans – Durée : 1h30

Mission archéo, visite-animation

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

14h – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Promenade découverte de l’île de la Cité

Le cœur de la capitale dévoile son histoire et ses légendes entr monuments emblématiques et vestiges cachés.

15h30 et 16h30 – À partir de 5 ans – Durée : 1h30

L’île aux trésors, visite contée

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

16h – À partir de 6 ans – Durée : 1h30

Visite de l’exposition « L’or du pouvoir »

Détail de la programmation : voir texte de l’activité du samedi

 

MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC DE HAUTECLOCQUE ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS /

MUSÉE JEAN MOULIN

11h et 14h30 – 7/10 ans – Durée : 2h

Fabriquer ses jouets avec le « système D »

À la manière des parents et enfants imaginatifs durant la Seconde Guerre mondiale, les participants fabriquent au musée leurs propres jouets avec des matériaux de récupération.

 

PETIT PALAIS

10h et 16h – À partir de 5 ans – Durée : 1h30

Visite-animation À la chasse aux anges

Tous les anges ont des ailes, mais toute créature ailée n’est pas ange. Pour le vérifier, les enfants partent à leur recherche dans les œuvres. Pour finir, chacun dessine le sien et repart avec une plume d’ange véritable.

14h – À partir de 5 ans – Durée : 1h30

Mon premier atelier au musée

Pour les artistes en herbe, sensibilisation à l’espace du musée, à son architecture et aux œuvres, avec une mallette ludique et sensorielle. En atelier, réalisation d’une carte souvenir « pop up », en papier, dessin et collage.

 

MUSÉE DE LA VIE ROMANTIQUE

11h, 12h, 14h, 15h et 16h – À partir de 5 ans – Durée : 1h

Contes d’hiver, contes des pays froids, visite contée

Loin d’ici, dans les forêts avoisinantes, les flocons tombent du ciel. Bientôt, tout sera blanc et le vent glacial soufflera… Petits et grands, vous viendrez en famille vous réchauffer en écoutant de belles histoires à l’approche de Noël.

 

MUSÉE ZADKINE

11h – À partir de 15 ans – Durée : 4h30

Mémoire gravée, The Hollow Men. Atelier dans le cadre de l’exposition De(s)Tin(s) de guerre

Parcours-discussion dans l’exposition, suivi d’un atelier d’initiation à la gravure autour du poème de TS. Eliot, The Hollow Men.

L’atelier se déroulera avec le même groupe de 11h à 12h30 au musée Zadkine puis de 13h30 à 16h30 à l’atelier du musée Bourdelle.)

 

Planifiez votre visite ici : parismusees.paris.fr
(Source : dossier de presse)



Profession du Père – Sorj Chalandon

Après le Quatrième Mur, Sorj Chalandon nous revient dans un roman de famille. Le narrateur, sa mère et surtout son père. Dans un huis clos oppressant. Opprimant même. Huis clos que l’on n’ose imaginer autobiographique. Ou que l’on préférerait savoir sorti de l’imagination de son auteur, plutôt que de ses souvenirs.

Profession du père. Tout commence là. Trois mots posés sur une feuille de papier. Rituel immuable de la rentrée des classes. Trois mots qui fond s’effondrer progressivement les repères d’une famille. Dans ce qu’ils représentent. Dans ce que les autres en perçoivent. Profession du père. Pas d’écart possible. Conformisme nécessaire.

Trois mots qui englobent une vie entière. De multiples vies même. Et toute une famille, tentant de survivre aux griffes paternelles et à son ire sans pitié.

Trois mots qui courent tout au long du siècle. Non sans rappeler ce titre « Duboisien » : « Une vie française ». Des périodes troubles de l’histoire hexagonale, des secrets d’Etat, le visage sombre d’une partie de la population. Mais également, des exploits plus anodins, des performances sportives, des engagements de toute une vie.

Un traumatisme de toute une vie.
Qui disparaît avec un souffle.
Qui emporte avec lui ses secrets.
Qui délivre des souffrances du passé. Des maux des souvenirs. De la violence des chairs.
Une libération pour le reste d’une vie.
Pour finalement trouver une réponse. Profession du père ?

Un roman qui se dévore, bien loin des l’Irlande tant chérie par son auteur, un roman qui marque sans doute un retour aux sources, un retour à soi de la part de Sorj Chalandon.

Le style est puissant. Les rythmes varient, tantôt reflet d’une période d’accalmie, tantôt stigmates des déchaînements de l’esprit et des poings. Et la rentrée littéraire en prend un coup, comme on aimerait en voir davantage.




« Les uns sur les autres » à la Madeleine : premier raté pour Confino

lesuns

Depuis la fin du mois de janvier, le théâtre de la Madeleine accueille la pièce « Les Uns sur les Autres » dans une mise en scène de Catherine Schaub. Ce drame comique, de Léonore Confino, raconte la vie d’une famille banale, de la scène quotidienne du « à table ! » incessamment répété par la mère de famille à celle du fils qui joue aux Doom-likes, en passant par le père toujours pressé d’aller au travail. Bien sur, au théâtre, ce n’est pas ce qu’on raconte qui constitue l’intérêt de la pièce, mais la manière dont cela est dit. Et c’est bien là tout le problème…

Pourtant, l’histoire de cette création débutait comme l’une des nombreuses success story que connaît la scène privée parisienne. Une jeune auteure sur la route ascendante est mise en scène dans un beau théâtre, celui de la Madeleine. Pour ajouter du piquant à l’événement, le rôle principal sera tenu par Agnès Jaoui en personne, elle qui n’avait pas foulé les planches depuis la dernière de Un air de famille en 1994 qui avait connu un succès unanime. Mais voilà, le texte, l’histoire, ces mots qui font l’essence même d’un spectacle, ne sont pas à la hauteur de l’événement.

Le propos de Leonore Confino se veut universel. C’est d’ailleurs cela qui a touché Agnès Jaoui et qui lui aurait donné envie de remonter sur une scène. Malheureusement, cette universalité espérée n’est qu’un pale reflet des problèmes que subit au jour le jour la famille bourgeoise de classe moyenne, plutôt supérieure. Non, tous les maris ne rêvent pas de quitter leur femme le matin en allant au travail, non, toutes les femmes ne sont pas apeurées à l’idée d’être en retard chez l’ostéopathe ou l’acupuncteur parce que la pièce de 1 euro est restée coincée dans le cadis à Intermarché. Et si l’on prend un peu de distance sur le propos : non, toutes les femmes ne sont pas maltraitées, obligées de rester chez elles pour tenir la maison. C’est néanmoins le cas du personnage joué par Agnès Jaoui, et ce jusqu’à la caricature la plus vulgaire de la fin de la pièce où maman qui en a marre raconte à son fils qu’elle avait « le vagin large comme une autoroute » après l’avoir mis au monde et qui confesse à sa fille qu’elle arrive à garder papa à la maison parce qu’elle « taille des pipes d’enfer ».

Le procédé d’écriture est pourtant amusant. Il mélange phrases construites et nuages de mots devenus lieux communs sur la vie de notre siècle, où les gens sont toujours pressés. Mais là aussi, on tombe vite dans l’idée reçue et très vite, l’humour disparaît.

Soulignons le risque qu’ont pris Jean-Claude Camus et Jean Robert-Charrier de mettre dans cette grande salle une jeune auteure, pas ou peu connue du grand public. Leonore Confino a rencontré son premier véritable succès que très récemment, avec Ring, au Petit Saint-Martin. Ce texte sur l’amour, le couple, ses succès et ses problèmes était juste, drôle, triste et joyeux. Il était porté par deux interprètes pour qui ces saynètes semblaient taillées. Coup de chance ? Ou trop d’ambition trop vite ? À La Madeleine, ça ne prend pas.

Les comédiens pourtant s’accrochent. Mais, comme un grand musicien à qui l’on donnerait une partition médiocre, on est bien obligé de voir qu’ils font ce qu’ils peuvent. Nous pourrions évoquer la belle scénographie, les procédés de mise en scène ingénieux (notamment le moment où l’adolescente anorexique atteint enfin un IMC négatif et donc devient invisible). Mais rien n’est suffisant pour sauver la pièce, à qui l’on souhaite de tomber rapidement, pour éviter à Léonore Confino que son nom soit associé trop longtemps à cet échec.

Pratique :
Actuellement au théâtre de la Madeleine
13 rue de Surène, 75008 Paris
Du mardi au samedi à 21h – Matinée le samedi à 16 h
Durée : 1h25
Tarifs : 20/52 €
Réservations au 01 42 65 07  09 ou sur http://www.theatre-madeleine.com/




Fanny … Ardente à la Gaité Montparnasse

Ardent comme le désir qu’elle porte à son fils, désir incestueux, désir maternel, désir œdipien
Ardents comme les coups portés, au coeur et au corps de son fils
Ardente comme la colonie qu’elle quitte pour retrouver ce fils aimé, ce fils haï, ce fils désiré, ce fils repoussé.
Un fils parmi quatre autres enfants.
Un fils unique dans le cœur de sa mère.
Un fils en marge de la société.
Loin des Messieurs de ce monde.
Avec pour seul amour sa mère, et pour seul désir la fuite.
Loin des hommes du monde, recherchant la proximité (et l’argent) des femmes du monde.
Et il y a la sœur, absente de scène, mais omniprésente dans la bouche de la mère et dans celle du fils.
La sœur Mimie, pourtant bien laide.
Porteuse de tous les secrets. D’elle viendront toutes les révélations. Tous les déclins. Toutes les déceptions.
Mademoiselle Marcelle fait pâle figure au milieu de ce portrait de famille. Venue de nulle part, n’allant nulle part. Jamais regardée, jamais consultée. Toujours rabrouée.

Affiche "Des journées entières dans les arbres"

En ce 60e anniversaire de la parution de la nouvelle éponyme de Marguerite Duras, Thierry Klifa fait le pari d’une mise en scène classique, austère, légèrement modernisée grâce aux sonorités d’Alex Beaupain (mais en gardant l’original d’Hervé Vilard !). Et c’est une réussite. Quatre acteurs seulement sur scène, aucune fioriture, la salle est conquise, les spectateurs se prennent même à vouloir eux aussi leur part de choucroute lors du repas familial … Et à rêver d’être les enfants de Fanny Ardant (ou à défaut de prénommer leurs enfants Fanny, en hommage … ). Sa prestance, sa présence, l’incroyable mélodie de sa voix nous entraînent à sa suite tout au long de la pièce, dans les méandres des histoires et des drames familiaux.

Après « Oh les beaux jours » en 2013, avec Catherine Frot, c’est Fanny Ardant dans cette nouvelle version de « Des journées entières dans les arbres » qui relève le défi de reprendre un rôle jusqu’alors complètement acquis à la divine Madeleine Renaud. Et à l’instar de Catherine Frot, ça marche ! Alors, n’attendez plus, courez à la Gaité ! 

Pratique :
Des journées entières dans les arbres
Théâtre de la Gaité Montparnasse, jusqu’au 30 mars 2014
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h30
Tarif : de 20€ à 40€

Avec Fanny Ardant, Nicolas Duvauchelle, Agathe Bonitzer, Jean-Baptiste Lafarge
Texte de Marguerite Duras
Mise en scène de Thierry Klifa
Musique d’Alex Beaupain
Photos : Carole Bellaiche




Sombre dimanche chez les Mandy

Imre ne rime pas forcément avec émir.

Certes, en Hongrie, il y eut Imre Kertesz, génie littéraire, et avant lui Imre Nagy, figure de l’insurrection populaire, à ce titre parfois considéré comme un héros national.

Mais il faut aussi compter avec Imre Mandy, premier du nom et d’une longue lignée d’Imre Mandy (le prénom se transmettant de père en fils à l’aîné des garçons). L’aïeul a été le bâtisseur d’une petite maison, à l’origine isolée au milieu d’une clairière en périphérie du centre-ville de Budapest. Puis, au fil des générations, ce havre de paix s’est trouvé enclavé au « beau » milieu des voies de chemin de fer de la gare de Nyugati. C’est là qu’ont ensuite grandi Imre Mandy (le grand-père), Pàl (le père, seule exception à la règle des prénoms…) et Imre Mandy (fils de Pal et petit-fils d’Imre), héros du roman de la jeune auteure française, Alice Zeniter.

Extrait 1 :
Pal et Agi ne voulaient pas entrer dans le monde des parlants. Ils préféraient leur silence.
Très rapidement, cela devint une habitude. Imre suivait les rails dans la nuit, à l’heure où plus aucun train ne passait, où il pouvait marcher sans peur. Et, arrivé près de la maison, il voyait les points rouges de deux cigarettes dans le jardin triangulaire.
Agi et Pal fumaient un paquet entier pendant la nuit, avant de trouver la force de regagner leur chambre. Ils regardaient devant eux dans le noir, sans jamais se confier ce qu’ils y voyaient.

 

Un héros élevé en plein joug communiste et qui voit arriver à l’aube de l’adolescence un champ de possibles nouveaux, une promesse d’espoir, de liberté et de lendemains qui chantent et fleurissent. Une promesse de voyage et d’inconnu(e)s.

Hélas, ces promesses et ces ardeurs se retrouvent rapidement rattrapées par la réalité de son quotidien et de son entourage. Tout espoir se mue alors en illusion, puis en désillusion. L’immobilisme et le fatalisme règnent dans le jardin triangulaire des Mandy. Et rien ni personne ne semble pouvoir contrecarrer les plans d’un implacable destin ni la fatalité dans laquelle semblent se complaire les membres de cette famille.

Extrait 2 :
L’étroitesse de la maison au bord des rails rendait l’adolescence d’Imre encore plus difficile. Il avait toujours l’impression de buter sur un membre de sa famille quoi qu’il fasse. Il avait des lubies de réorganisation, espérant établir des barrages entre son espace personnel et le reste du monde.

 

Justement récompensé par le Prix de la Closerie des Lilas (Arkult avait assisté à cette belle consécration) puis par le Prix du Livre Inter en 2013, « Sombre Dimanche » est une plongée dans la complexité et l’insignifiance de la vie humaine. La mort rôde, sournoise et prévisible, au détour des chapitres, et avec elle les douloureux secrets de famille, les déceptions amoureuses, les désillusions amicales. Dans un cadre propice à l’espoir de renouveau qu’est celui du Budapest libéré et qui cherche à se réinventer, Alice Zeniter nous rappelle à la triste amertume de la réalité. Avec son écriture directe, efficace, elle ne laisse pour ses personnages, aucune place à l’hésitation, ni pour son lecteur à l’ennui.

Pratique :
Sombre Dimanche, d’Alice Zeniter
Ed. Albin Michel
Format : 205 mm x 140 mm
288 pages
EAN13 : 9782226245175
Prix : 19.00 €

Vous pourrez bien sur vous procurer ce livre dans une de nos librairies coups de coeur, l’Ouvre Boîte.

 




In Nomine Fratris – Au nom du frère …

In Nomine Fratris - Michel MALAUSSENA - Couverture
In Nomine Fratris – Michel MALAUSSENA – Couverture

« In Nomine Fratris » est le 3e ouvrage de Michel MALAUSSENA. Après « Animatueurs » (1) , véritable pavé dans la mare infestée de crocodiles du petit écran, puis « Et Pourquoi pas Hollywood ? » (2), il signe ici un roman prenant combinant  fiction et éléments du réel.

S’appropriant l’exercice de style qui voit se mêler et s’interposer deux récits en apparence sans rapport, il mène d’une plume adroite et puissante le déroulement d’un mystérieux fil d’Ariane.

D’une part, des documents on ne peut plus formels : procès-verbaux de gardes à vue, rapports d’auditions de témoins, dépositions en tous genres, autour d’un étrange accident nocturne.
De l’autre, des récits de jeunesse, souvenirs d’une enfance bercée par la sécurité d’une famille aimante, guidée par des valeurs fortes.

 

 

 

J’en veux pour preuve ces deux courts extraits :

Extrait 1 : 

« Question : Votre mari était-il sujet à malaise ?
Réponse : Jamais depuis que le connais.
Question : A votre avis, pourquoi votre mari a-t-il abandonné Madame Annezer ?
Réponse : Je ne puis vous répondre.
Question : Désirez-vous allez voir votre mari à la morgue ?
Réponse : (n’a pas répondu) »

 

Extrait 2 :

« – L’église ? Ça va pas bien ou quoi ?
Mais notre mère a insisté dans l’intention de normaliser les rapports père-fils.
– Comment veux-tu qu’il considère un mariage hors de l’Eglise ? … Comme une provocation supplémentaire ?
Lorsqu’il a compris que son père apprécierait l’effort et trouverait là l’occasion de recoller les morceaux, mon frère s’est résigné.
– Après tout, c’est un effort dérisoire, tu as raison, autant ne pas gâcher la fête, je n’en suis plus là.
Il est de ces gestes auxquels le plus obtus des parents ne peut rester insensible. Après trois ans de brouille, la concorde était donc en route. »

 

Ces routes, en apparence parallèles, finirent néanmoins par trouver un point d’ancrage. Une rencontre qui bouleverse le cours d’existences paisibles.

Michel MALAUSSENA réussit là un véritable tour de force. A la froideur des documents judiciaires, il oppose la chaleur de l’amour filial et fraternel. A l’impersonnalité des échanges administratifs, il oppose l’inébranlable des sentiments humains. A l’injustice orchestrée par les instances d’un Etat dépassé par les événements, il dresse la soif de justice d’une famille désemparée et accablée par le malheur.

Pratique

Broché: 280 pages
Editeur : BALLAND (7 mars 2013)
Collection : LITTERATURE
Langue : Français
ISBN : 978-2353151950

 

Notes :
(1) : Animatueurs – Ed. Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2008
(2) : Et pourquoi pas Hollywood – Ed. Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2009

 




Mailles à l’envers – Marlène Tissot

La cruauté de la vie n’épargne pas la narratrice de cette histoire, une petite tête blonde. Sous la plume d’une enfant, d’une adolescente et d’une jeune adulte, les faits les plus cruels et révoltants sont parfois bien peu de choses.

Naïveté de l’écriture, innocence de l’enfance, la vie et ses méandres apparaissent comme un concours de circonstances perdu d’avance.
De l’ivresse alcoolique du père  à la débauche amoureuse de la mère : la cellule familiale de la narratrice est en perpétuelle mitose, perpétuelle séparation reproduisant à l’infini le même cauchemar.

La violence du quotidien la frappe de plein fouet. Toutes les violences y passent : verbales, physiques, psychologiques. C’est trop pour une seule et même personne, surtout quand cette jeune personne sort tout juste de l’enfance ou de l’adolescence.

Extrait 1 :
« C’était pas de la jalousie que j’avais au fond du ventre. Pour ça, il aurait fallu de l’amour. Et l’amour, j’y étais réfractaire. Mon coeur dormait dans un congélateur. Mais la fidélité avait un je-ne-sais-quoi d’essentiel à mes yeux. Le genre de truc un peu étrange, un peu magique, auquel j’avais besoin de croire. »

Marlène Tissot nous emmène, vous l’aurez compris, dans un récit fort, dont on ne peut sortir indemne. Dans ce premier roman, elle jongle entre les âges de sa narratrice, entre ses souffrances, ses peurs, ses espoirs, aussi maigres soient-ils.
L’écriture est à l’image de celle qui écrit son journal : crue, amère et directe. Parfois un peu trop directe d’ailleurs, où l’on regrette alors le choix de l’auteure de se fondre complètement dans la peau de son personnage, s’attacher à un langage se voulant enfantin / adolescent, et s’y retrouver comme coincée.

Une traversée de la souffrance humaine (hélas) ordinaire.
Poignant. Saisissant.

Extrait 2 :
« J’ai obtenu mon bac. Haut la main, avec un putain de mention. Val était recalée. Apparemment, elle s’en foutait. On s’est bu un jus au bistrot d’à côté. Puis elle m’a raccompagnée. Rocade. Cent quarante kilomètres à l’heure. Sa rage un peu plus appuyée sur l’accélérateur. Sirotant les feux rouges comme des grenadines. Bercée par le cri du moteur, je me suis remise à espérer un accident. Un truc violent, rapide, définitif. Histoire de clore le chapitre en beauté. Mais j’étais pas seule dans la carlingue. »

 

Mailles à l’envers, de Marlène Tissot
Editions Lunatique
www.editions-lunatique.com
156 pages
Date de parution : février 2012

 




Lundi – Martha Marcy May Marlene

Quatre prénoms pour une seule femme, c’est lourd à porter.
Derrière chacun de ses prénoms se cache une histoire. Une vie même.

L’éblouissante Elizabeth Olsen a été, est et sera chacune de ces femmes.
(NDLR : oui oui, Olsen, les soeurs Olsen, ce sont ses grandes soeurs).

« S’enfuir d’une secte.
Retrouver sa famille.
Se reconstruire. »

Le schéma du film semble simple. Mais c’est sans compter sur le traumatisme vécu.
Et progressivement, un nouveau cheminement nous apparaît.
Limpide certes, hélas sans dénouement possible.

« Quitter sa famille.
Retrouver ceux que le sang nous fait appeler famille.
S’enfoncer.
Se disloquer.
Perdre pied. »

Perdre pied. Perdre tous ses repères.
Vivre le mal. Vivre avec le mal. Revivre le mal.
Et finalement céder. Lâcher prise.

Sean Durkin (Two Gates of Sleep, Afteschool, Mary Last Seen, …) nous fait plonger dans la terreur (en apnée bien sûr, n’espérez pas respirer pendant ce film !)
Et pour contraster au mieux avec cette terreur, quoi de plus efficace qu’une nature rayonnante ?
L’innocence des décors champêtres. Le calme des étendues d’eau.

Et pourtant, malgré ces magnifiques images, le jeu d’acteur saisissant d’E. Olsen, personne à la sortie de la salle n’ose prononcer le désormais facebookien « J’aime ! », tant ce film éprouve le spectateur, tant il lui demande, tant il exige de lui.

Réalisé par : Sean Durkin
Avec : Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sarah Paulson

Bande annonce (VOST) :