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Aëla Labbé, l’œil du passé au présent

Envoutantes, mystérieuses, fascinantes, dérangeantes… ces images.

Ses images.

Sa vision de la vie, poésie mélancolique, spleen féerique.

Flottant entre l’irréel adulé et le rêve brisé, le regard de femme et celui de l’enfant, la nostalgie d’un passé immaculé et l’envie d’un futur dansé. Aëla est là. Devant et derrière l’objectif.


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Jeune danseuse aujourd’hui photographe. Elle, faite pourtant pour le mouvement, capte ici l’instant. Le fige pour s’immerger et s’y replonger sans cesse. Alors l’image vieillie, emplie de brume et de bibelots d’un autre siècle dévoile à peine une enfance volée, une danse interrompue brutalement. « La photo m’a aidé à transmettre du rêve, de la magie que j’avais perdue à un moment donné. A combler ce vide d’échange avec le public qu’avait la danseuse »


Fini de rêver?

Sereine devant tant d’incertitudes. Accomplie parce qu’incertaine, Aëla arrête la vitesse du  temps. Figées, ces créatures féeriques venues des paysages  mythiques du Morbihan sont froides ou bouillonnantes de vie. La mélancolie n’a pas d’âge et s’agrippe aux longs cheveux soyeux comme elle rythme les vies pourtant jeunes des beautés à qui Aëla tire le portrait. Neveux, nièces, frères et sœurs inspirent l’artiste. Prenez Jeanne, 10 ans et pourtant si mélancolique explique la tante étonnée « L’enfance, c’est aussi la peur ou l’angoisse, et pas seulement l’univers parfait où le beau est partout. On me compare souvent à Sally Mann, je ne connaissais pas mais ce fut une révélation car elle met les enfants dans des situations différentes de celles où on les enferme d’habitude. »

Plongée en enfance pour mon œil amoureux. les clichés me rappellent l’univers de l’ illustrateur suédois Carl Olaf Larsson, un vieux bouquin qui trainait chez moi et qui m’est curieusement resté en mémoire.

Les images enveloppent, bercent, suscitent sourire, proposent beauté, puis l’image devient entêtante, les regards enivrants, obsédants, les yeux fermés des sujets morbides…

Troublantes certaines photographies où le sommeil flirte avec la mort, cette dernière singeant le sommeil. « C’est étrange, on me parle souvent de la mort…La mort me fait peur c’est vrai. Mais ce n’est pas d’elle dont j’ai voulu parler. Les paupières fermées illustrent plutôt la désillusion. Le rêve clôt. Peut être parce qu’au fond de moi, ce rêve que j’essaie de transmettre, je n’y crois plus vraiment. »

Décalée, Aëla ? Sortie de son univers, c’est aussi avec cette grand-mère qu’elle accompagne régulièrement dans ses nuits pour lutter contre la peur et la solitude qu’elle se sent à l’aise. « Le Passé est pour moi un paradis perdu, j’aime les choses poussiéreuses. Nous nous plongeons dans ses vieilles photos de famille pendant des heures et mes vieux habits sortis tout droit d’Emmaüs lui parlent complètement : elle a les mêmes ! »



Un voile sur le mystère Aëla

Issue d’une famille de 5 enfants nés de parents soixante-huitard, la mère collectionne les objets d’antan, le père est porté par l’engagement, il sera maire de la commune de Saint-Nolff.

Aëla a toujours dansé. Après son Bac littéraire à Toulouse, l’esprit compétitif du milieu de la danse en France lui déplaît et la pousse à l’étranger. À Amsterdam en Hollande, la jeune fille suit durant 3 ans les cours de danse théâtrale, danse des gestes du quotidien, initiée par Pina Bausch, d’une école supérieure d’art.

« Les études terminées, j’ai commencé à travailler avec un chorégraphe qui m’a physiquement détruite. Cela s’est très mal passé ». On n’en saura pas plus. Pas d’importance, cette cassure enfouie qui se glisse dans ces clichés lui appartient. Et finalement, là où la douceur se mêle de douleur, la douleur se fait douce dans le travail d’Aëla.

La jeune femme retourne alors dans la maison familiale de Bretagne.

Du bouillon culturel et artistique de la ville, elle se sent un peu seule ici et commence son histoire avec la photo il y a deux ans. La photographe autodidacte a aujourd’hui 24 ans.

Elle enchaîne des séries sur sa sœur, « Maïna, ma grande sœur, me ressemble beaucoup. Ça m’intéressait de jouer sur la similarité et la singularité. Comment développer une singularité quand on se ressemble tant ? » sur son entourage vivant, humain ou naturel, qu’elle diffuse sur Facebook ou sur Flickr . Se fait connaître petit à petit.

Incontournable photographe français,Willy Ronis disait « La photographie, c’est le regard. On l’a ou on ne l’a pas. Cela peut s’affiner, la vie aidant mais cela se manifeste au départ avec l’appareil le meilleur marché. »

Chez Aëla, le regard et l’univers sont là. L’esthétisme travaillé est exigeant. Reste la technique qu’elle ne maîtrise pas encore. Du numérique au polaroïd, la jeune photographe se met petit à petit à l’argentique pour apprendre la maîtrise des règles photographiques, de l’outil, de l’art de capter la lumière..

Après des premières expositions à Saint-Nolls puis à Nantes et Athènes, la jeune femme est de plus en plus demandée par des sites ou magazines internationaux. Aëla vient de réaliser sa première interview en français, pour Arkult. L’expérience s’est bien passée, nous confiera-t’-elle. Partagé.

Et moi de repartir faire un tour, dans l’univers d’Aëla en fredonnant The Virgin Suicides de Air et The Pirate’s gospel’ d’Aéla Diane.

Nostalgiques éperdues, s’abstenir.

http://www.flickr.com/photos/aela/

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ink : il faut sauver le croque-mitaine

Qui n’a jamais eu peur du croque-mitaine ? Celui qui se cache sous notre lit, attendant les heures les plus noires de la nuit pour sortir et nous emmener au pays des cauchemars. Chris Nolan nous a servi un film magnifique avec plein d’effets spéciaux pour nous faire comprendre que le croque-mitaine était dans notre esprit. 1 an auparavant, Jamin Winans explorait déjà les mêmes sentiers, avec moins de budget, certes, mais une réflexion plus poussée.
Oubliez tout ce qu’on vous a raconté jusqu’à présent, il ne sert à rien de serrer les paupières ni de se cacher sous la couette. Le croque-mitaine est là, et il n’a rien à perdre.


« FUCK! » je crois que c’est la première réplique de ce film. « FUCK! », voilà ce que je pense aussi, parce que c’est tellement difficile d’en parler : complexe et visuel, avec une histoire à raconter et une bande-son magique. Comme quand on était petits.

Quand j’étais petite, j’avais peur. D’ailleurs, je laissais la lumière allumée super longtemps (et pas que pour lire des livres tard dans la nuit dans le dos de mes parents, hein !) et j’avais un rituel pour être sûre de ne pas me faire emporter au pays des cauchemars.
Et j’ai grandi.

Emma n’a pas cette chance, elle n’a pas encore grandi, et malgré la lumière allumée, malgré ses yeux bien serrés, et bien qu’elle tente de ne plus respirer, ink l’emmène. C’est un voyage dans un monde parallèle, un voyage dans la tête d’un homme brisé ou dans l’esprit d’une petite fille esseulée, un voyage dont les fins ont déjà eu lieu.
On recherche l’alternative. On veut sauver Emma, et pour la sauver, il faut sauver son père, et en sauvant Emma, on veut sauver ink, en vrai. Et sauver ink…

Il s’agit d’un sujet maintes fois exploré, une histoire assez simple en fin de compte : un homme qui perd femme et enfant, une enfant délaissée qui veut juste que son père entre dans le jeu. C’est une quête pour chacun d’eux.

Des flash-back et des flash-forward, des couleurs altérées, du flou maintenu tout le long d’un film difficile à suivre tant les scènes d’actions – des combats à mains nues assez violents et très bien chorégraphiés – et de contemplation (marre du cliché qui oppose le « zen-forêt » au « stress-city », mais faut croire que ça marche encore dans l’imaginaire collectif) se superposent.

Vous perdez le fil ? C’est fait exprès : on ne sait plus qui est le méchant, enfin si, il y a toujours le Méchant, celui qui, s’il ne fait pas peur à cause de sa laideur comme le croque-mitaine au long nez crochu, reste le personnage le plus angoissant, avec son double visage, les sautes d’images, et son sourire froid. Le Méchant représenté par plusieurs. Les Incubus.
Et les Gentils ? Les Conteurs bien sûr, ces êtres presque humains et lumineux, qui nous redonnent des forces par la magie des rêves qu’ils nous apportent. Et le déjanté Eclaireur aveugle, héhé, qui a un sens du rythme assez funky. (D’ailleurs la scène où tout son art se révèle me rappelle assez les scènes où la Mort se rattrape dans Destination finale, avec l’idée du destin ou de la fatalité qui met en scène et fait s’enchaîner les événements. Fatalité qui peut être très facilement personnifiable.)

Mais en vrai, ce n’est pas une petite fable manichéenne que nous retenons. C’est un vrai conte pour enfant et pour adulte.
L’Incubus, celui qui nous donne cauchemars et désespoir, de même que les Conteurs, ne viennent que si nous leur donnons du grain à moudre. Le croque-mitaine, c’est vous et moi. Et ce que nous sacrifions avec tant d’énergie à nos idées noires et notre volonté d’autodestruction, c’est vous, moi, et surtout ceux que nous aimons.

Belle morale, non ?