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[Livre] Aucun de nous ne reviendra – Charlotte Delbo

Plongée au cœur de l’enfer. Dans le premier opus de son triptyque « Auschwitz et après », la rescapée du camp nous plonge au plus profond de l’ignominie.

L’horreur est livrée à son état brut. Et paradoxalement, on sent la douleur comme contenue, oubliée. Il n’est plus question de souffrance physique. Il est question de mort, de jour, de nuit, de travail, de froid, de mort, de mort. Et de vie.

Cette vie que le système concentrationnaire avait comme finalité d’anéantir, et au travers de cette vie, de ces vies, l’espoir tout entier de familles, de communautés, de peuples. Cette vie qui s’est prolongée, qui a tenu coûte que coûte durant les appels, durant les journées de travail, durant les nuits de cauchemars et d’agonies. Cette vie qui a permis de revenir de l’enfer. Au moins physiquement, car au travers du récit, il est clair qu’une part de l’auteure a disparu dans l’infinie cruauté imposée par ses tortionnaires.

Dans cet ouvrage se mêlent ainsi des descriptions du quotidien. Si tant est que l’on puisse imaginer un quotidien dans de telles conditions de mort. Des scènes de mort. Des scènes d’une violence sourde, froide, banale, expéditive. L’hiver dans le cœur des hommes. Et puis, entrecoupant ces témoignages, ces souvenirs, naissent des poèmes. Cet enchaînement, cette succession prend le lecteur aux tripes. Le rythme des récits, le rythme de la parole, l’écriture, tout traduit la souffrance, l’espoir disparu, l’espoir plus jamais espéré.

Ainsi, la ponctuation s’accommode du rythme des marches des colonnes de déportées. Les répétitions sont le martèlement des ordres, ou plutôt des aboiements des kapos, des stubhovas, des SS. Les mots sont précis, les phrases concises et définitives. Comme en est décidé le sort des plus faibles. Ou juste de celui qui s’est laissé prendre par l’épuisement et a fait un pas de côté. A laissé dépasser une main. A fermé l’œil au mauvais moment.

Faible sentiment que d’être bouleversé à la lecture de ce témoignage.
Dégoût.
Terreur.
Et terrible force du récit qui nous immerge au plus profond de la boue des sentiments humains. De cette boue n’aurait pas dû naître une tulipe.

Aucun de nous ne reviendra.
Aucun de nous n’aurait dû revenir.

Aucun de nous ne reviendra
Charlotte Delbo
Les éditions de Minuit, Collection Documents
184 pages
ISBN : 9782707302908
http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Aucun_de_nous_ne_reviendra._Auschwitz_et_apr%C3%A8s_I-2007-1-1-0-1.html




Actu : Rencontre avec Krystian Lupa au Théâtre de l’Odéon

Krystian Lupa et le bonheur créatif

Rencontre avec le metteur en scène polonais

Samedi 3 Décembre 2016 – 14h00 – Odéon 6e Grande Salle

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Dans UTOPIA lettres aux acteurs, essai paru chez Actes Sud en 2016, Krystian Lupa revient sur les éléments constitutifs de son travail et de sa pensée. Ses mises en scène ont apporté une nouvelle appréhension de l’espace, de la direction d’acteurs et une rythmique du temps théâtral différente.

L’ouvrage donne à lire et à comprendre ses choix. Il explicite notamment la notion d’“installation secrète” de l’acteur, de “bonheur créatif ” et de “paysage intérieur”. Krystian Lupa, pour qui le théâtre est un “laboratoire des expressions humaines”, revient sur sa relation avec les comédiens et sur leurs difficultés, parfois, à saisir totalement le désir du personnage. Il met également en lumière l’un de ses axes de travail : l’impératif de construire un lien physiologique, physique et psychique plus fort avec le spectateur.

Avec Piotr Gruszczyński, dramaturge, animé par Georges Banu, traducteur Michel Lisowski.

Krystian Lupa présente à l’Odéon-Théâtre de l’Europe cette saison Wycinka Holzfällen (Des arbres à abattre)

Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€

Pour plus d’informations : http://www.theatre-odeon.eu/fr/

(Source : dossier de presse)




José Rodrigues dos Santos : du Big Bang au Big Crunch

Souhaitant découvrir les secrets de l’univers mais n’ayant qu’un été pour le faire, pas que la fin du monde soit proche mais je ne consacre que peu de temps aux choses accessoires, je m’orientais vers l’auteur en vogue du moment et spécialiste du sujet : José Rodrigues dos Santos et son best-seller à 2 millions d’exemplaires : La formule de Dieu. Puis, pris par l’enthousiasme vers La clé de Salomon du même auteur.

Du Big Bang au Big Crunch. En effet, autant La formule de Dieu vous transporte littéralement mêlant espionnage, romantisme et physique quantique, autant La clé de Salomon vous laisse un goût amer comme lorsque vous vous êtes fait pigeonner au bonneteau sur le pont d’Iéna (toute ressemblance avec des faits réels est purement volontaire).

 

La formule de Dieu - HC Editions
La formule de Dieu – HC Editions

Grand 1 petit tas : La formule de Dieu donc, un professeur d’histoire spécialiste en cryptologie…, euh ? Hein ? Comment ? Que lis-je ? Oui, un professeur d’histoire spécialiste en cryptologie au Portugal. Ah !!! On a eu peur ! On a frôlé le plagiat avec l’autre là, mais si, le professeur d’histoire avec sa montre Mickey, spécialiste en symbologie mais à Harvard, lui (voir mon article sur Inferno) ! Bon, je reprends, Robert Langdon, oups pardon ! Tomàs Noronha est invité par le gouvernement iranien à décrypter un manuscrit dont l’auteur ne serait autre qu’Albert Einstein, il est très vite contacté par la CIA pour devenir un agent double (portugais !). D’aventure en aventure, de ville en ville, Tomàs fera une découverte fondamentale qui changera comme d’habitude la face du monde.

Le bonus de ce livre par rapport au genre roman historique est l’interprétation des découvertes scientifiques, toutes fondées, et notamment sur la physique quantique. On en en sort plus instruit qu’on en est entré (merci de fermer la porte en sortant, ça fait courant d’air). Le récit est parfaitement équilibré et on se laisse docilement porté même si, parfois, quelques raccourcis trop audacieux nous replongent dans la réalité.

La clé de Salomon - HC Editions
La clé de Salomon – HC Editions

Grand Dieu, petit dé : La clé de Salomon est le cinquième livre de la série Tomàs Noronha et le troisième publié en France*. Fort de son succès, José (Rodrigues dos Santos) rebondit sur les mêmes ressorts (chtoing-chtoing) : meurtres, enquêtes, mystères, sciences. Sauf que, comme me l’avait enseigné un grand maître tibétain sur les contreforts de l’Hymala… des Vosges, vêtu de sa tunique orange (ou corail pour les fashionistas) : « Tu peux remplacer les lardons par du saumon fumé, une quiche reste une quiche ». Sûrement trop jeune à l’époque, je n’avais pas perçu la profondeur ou la portée d’une telle réflexion et voyant ma bouche grande ouverte et l’écume baveuse qui en sortait, mon maître en avait arrêté là de ses enseignements philosophico-culinaires. C’est donc pendant la lecture de ce livre, que, la révélation me caressa de sa douce chaleur et m’envahit de son halo bleuté, sauf que là, José, t’as oublié la crème fraîche !

Ça manque de liant, c’est fade, l’addition est salée. A trop vouloir nous resservir le même plat l’auteur a oublié la qualité du service. Quelques exemples : il ne m’arrive pas (ou rarement) d’être poursuivi par une bande de tueurs à la solde de la CIA mais il ne me viendrait pas à l’idée, dans de tels cas, de m’enfermer dans une université et de prendre 2 heures pour expliquer à ma copine le concept des ondes et des particules de lumière, tout ça pour impressionner la dame (et le lecteur qui n’en demandait pas tant) mais peut-être suis-je trop terre à terre ? Idem, alors que cette même copine n’a plus que 20 minutes avant de mourir dans d’atroces souffrances, d’expliquer aux directeurs de la CIA (ceux qui voulaient ma perte 24 heures plus tôt), la théorie du Tout, mais peut-être suis-je trop romantique ? Bref, il ne suffit pas de trouver un filon encore faut-il savoir l’exploiter (foi de chercheur d’or).

Au-delà d’une intrigue bâclée l’auteur s’inspire largement du Symbole perdu (titre original : « The Solomon Key », si si je n’invente rien !) qui est loin d’être mon préféré ayant déjà, à l’époque, reproché à Dan (Brown) d’avoir céder à la facilité littéraire et aux sirènes du mercantilisme après le succès du Da Vinci Code.

A bon détendeur, salut.

 

* La Clé Salomon est le troisième de la série paru en France après La formule de Dieu et L’ultime secret du Christ.

 

La formule de Dieu (José Rodrigues dos Santos)
HC Editions
ISBN : 2357201134
 
La clé de Salomon (José Rodrigues dos Santos)
HC Editions
ISBN : 2357201762



Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé…

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         Et si, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin n’était pas tombé, dans quel monde vivrions-nous ? C’est une petite maison d’édition éphémère, les Uchroniques, qui s’est saisie de la question la première. Composée de quinze étudiants de la Sorbonne, elle publie cette semaine un unique beau livre auquel ont collaboré soixante écrivains, artistes, et illustrateurs: Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé – et tous ceux qui suivirent. En oscilliant entre violence, humour et poésie, cette anthologie de témoignages venus d’un monde parallèle fascinant entraine les lecteurs à la découverte de nouveaux pays, de nouveaux ordres politiques, de nouveaux hommes. Richement illustré et bourré d’humour, cet ovni littéraire a retenu notre attention. 

Pour comprendre cette uchronie, nous avons rencontré Guillaume Müller (l’un des éditeurs à l’origine du projet) dans la librairie-galerie Le Monte-en-l’air (71 rue de Ménilmontant, Paris) qui déborde d’étudiants à l’occasion du lancement du livre. A croire qu’une révolution se prépare…   

La question qui s’impose: qu’est ce que l’uchronie ?

L’uchronie, c’est un genre littéraire affilié à la science-fiction et basé sur le même modèle que « l’utopie ». L’idée est d’altérer ou de modifier un élément du passé et d’en imaginer les conséquences qui auraient pu suivre. Beaucoup d’auteurs se sont essayés à l’uchronie, de Philip K. Dick à Michel Déon en passant par Éric-Emmanuel Schmitt.

Pourquoi avoir choisi le mur de Berlin?David et la colombe

Tous les ans, les étudiants du Master 2 de Lettres Modernes Appliquées de la Sorbonne doivent réaliser un ouvrage dans le cadre de leur formation. Les éditeurs de ce livre et instigateurs du projet ont tous entre 22 et 26 ans. Nous appartenons tous à la génération de l’après chute du Mur. En novembre prochain, nous fêterons les vingt-cinq ans de sa chute. Parmi nous, personne ne l’a vécue mais c’est un événement à partir duquel s’est organisé le monde dans lequel nous vivons. Il est très présent dans notre mémoire collective. Pour nos parents, c’était hier. Pour nous, Berlin est la capitale européenne branchée par excellence. Il nous semblait important de se poser cette question: où en serions-nous si le 9 novembre 1989 s’était déroulé autrement? Cette année, Emmanuel Carrère est le parrain de notre promotion. Il a lui-même écrit un petit essai sur l’uchronie dans lequel il laisse entendre que la démarche est vaine.  En réalité, il dit que l’intérêt premier de l’uchronie, c’est la fiction qui peut en jaillir. Revisiter un événement historique est un formidable moteur de fiction. 

 

A quoi ressemble le monde dans votre livre?

A un monde aussi fou que le nôtre. Tous les extraits se valent, ils ont tous leur tonalité. Certains sont très sombres voire totalement décalés; toutes les oeuvres présentes dans le bouquin sont très fortes. Ca nous a beaucoup amusé en tant qu’éditeurs de voir certains personnages revenir régulièrement dans les contributions : Rostropovitch, le violoncelliste qui a improvisé un concert au pied du Mur ou encore David Hasselhoff qui a chanté « Looking for Freedom » sur le Mur. Ils appartiennent à la mémoire collective que nous avons du 9 novembre 1989 mais que seraient ils devenus si le Mur n’était pas tombé ce jour-là ? Il y a une contribution que j’aime beaucoup pour plusieurs raisons. Notre idée, c’était de recueillir des sortes de témoignages bruts de ces mondes parallèles. Diane Ranville a imaginé qu’en 1994, à la suite de ce qu’on a appellé la « Révolution Littorale », certains pays d’Amérique du Sud se sont ligués avec Cuba pour former les Républiques Unies d’Amérique du Sud. On découvre cette nouvelle configuration géopolitique à travers les extraits de trois journaux différents (Granma, The International Herald Tribune et Le Monde) disséminés dans tout le livre, journaux qui traitent la même information mais avec un regard différent à chaque fois. Elle créée quelque chose d’immersif, elle nous livre un instant réaliste et presque palpable du monde parallèle. Et surtout, on sort de Berlin, on voit bien que l’événement uchronique a des répercussions mondiales. Et puis vous avez entendu parler des mouvements contestataires au Vénézuela en ce moment ? Cet extrait montre bien comment notre livre, même si ce n’est que de la fiction est totalement en prise avec l’actualité.

Le mondePeut-on y voir un ouvrage « politique »?

Ca a été notre première crainte: tomber dans le jugement de valeur mais je crois que nous nous en sommes bien sortis finalement. Tous nos auteurs et artistes ont contourné le problème grâce à l’humour ou le second degré. Ca donne à l’ouvrage une tonalité plus pop et décalée que prévue. Certains ont décidé de ne pas se concentrer sur Berlin Est/Ouest et nous emmener au Japon, en Amérique du Sud, aux États-Unis ou même sur l’île de la Réunion, le champ des possibles est immense. Et puis c’est poétique aussi et très illustré. La plupart des auteurs que nous avons choisi de publier sont peu connus , ce qui ne les empêche pas d’avoir un grand talent. Lisez-le, c’est un très beau livre…

 

 

Pour revisiter l’histoire avec eux:

Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé, Les Uchroniques, 18 euros, 224 p.
– Site internet : lesuchroniques.fr
– Page Facebook : facebook.com/lesuchroniques et Compte Twitter: twitter.com/lesuchroniques

Du 21 au 24 mars 2014, Stand B23 au Salon du Livre de Paris, parc des expositions. Cinq exemplaires uniques reliés par des artistes diplômés de l’école Estienne et spécialisés dans la reliure d’art y seront exposés et proposés à la vente.

morgan

 




« Une femme, une pipe, un pull » … Drôles de pubs !

« Une femme, une pipe, un pull »
« J’aime ma femme. J’aime la Kronenbourg. Ma femme achète la Kronenbourg par six. C’est fou ce que j’aime ma femme. »
« Babette. Je la lie. Je la fouette et parfois elle passe à la casserole. »

Blagues potaches d’un humoriste en mal de reconnaissance ? Brèves de comptoir entendues dans un relais routier ? Que nenni !
Il s’agit là d’un échantillon (représentatif ? à vous de juger) des coups de pubs qu’a connu notre société durant le dernier siècle.

On dit souvent que la publicité est l
e reflet de notre société, qu’elle met en lumière ses travers, ses préjugés, ses secrets même. Si cela est avéré, alors je vous le demande, dans quelle société vivons-nous ? Et malheureusement, fort est à parier que ces 150 reproductions de publicités sont autant de miroirs de l’esprit de notre société et de son évolution à travers les âges.

Mais rassurez-vous, les quelques extraits sus-cités ne sont en rien exhaustifs de la variété des messages hautement informatifs transmis au travers de cette grosse centaine d’affiches publicitaires. Le sexisme et la mysoginie y sont certes souvent présentes, mais elles y côtoient la provocation (parfois à l’excès, à l’image des campagnes commerciales de Benetton), les détournements d’oeuvres d’art ou de photos de célébrités, la parodie, et les messages prétendûment scientifiques (diverses promesses : grandir en quelques mois de plusieurs centimètres, suppression des rides en 25 minutes, dissolution des poils disgrâcieux en 3 minutes, …).

Vous l’aurez compris, le florilège des 150 publicités proposé dans l’ouvrage « Drôles de pubs » est une véritable plongée dans le passé. Elles retracent l’évolution des mentalités, des moeurs, bref … de nos vies, de celles de nos parents et grands-parents … Bien malin qui saurait dire à quoi ressemblera un ouvrage similaire dans 50 ans !

Publicité Kronenbourg

 

Pratique
Drôles de pubs, aux éditions Larousse
160 pages, broché, 12,90 €
ISBN : 2035896304




Clint Eastwood Un rebelle américain – Marc ELIOT

Les biographies sont toujours des ouvrages difficiles à concevoir, celle-ci ne fait pas exception pour trois raisons : le sujet est toujours de ce monde, n’a pas été associé à l’écriture et surtout il s’agit de MONSIEUR Clint…

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L’avantage indéniable que Clinton Elias Eastwood Jr n’ait pas collaboré à ce livre est une approche plus rationnelle du sujet, il n’y a pas d’influences internes. Ceci permet à Marc Eliot de présenter la légende mais aussi et surtout l’homme avec ses forces et ses failles.

Outre la carrière (68 films tous confondus), cet ouvrage nous plonge de l’autre côté de l’écran, dans le monde du cinéma hollywoodien, pas très loin des paillettes, mais plus proche de celui de l’argent. Car oui, il faut de l’argent pour faire un film et oui il doit rapporter des Million Dollar Baby ! Sur ce point, Dirty Harry, maîtrise son sujet.

Moteur, Action et çaaaaaa tourne ! Voici comment M. Eastwood mène sa vie, tant mieux pour ceux qui peuvent suivre son rythme et ses changements de directions, tant pis, et ils sont plus nombreux, ceux que Clint a laissé sur la route (de Madison) ou Au-delà (ouh j’ai honte !). Souvent Jugé coupable d’un manque artistique de la part des critiques, à la limite de L’Epreuve de force, il s’acharna à garder les pleins pouvoirs sur sa carrière tel Le maître de guerre Impitoyable.

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Autant adulé que détracté, certains diront qu’il a su donné sa chance à La relève  (ex : Mickael Cimino pour le Canardeur) ; les autres, le doigt sur la gâchette, le viseur Dans la ligne de mire, affirment que ce n’était par soucis de garder le haut de l’affiche qu’il s’est souvent entouré de débutants.

Son style de vie tient également une grande place dans cet ouvrage  sans jugement et sans fausse pudeur, Marc Eliot retrace les nombreuses conquêtes, leurs conséquences, ses descendances assumées ou non, mais également son engagement politique.

Extrait :

« On ne pourrait en aucun cas qualifier Clint de libéral. Mais il n’a jamais été non plus dans le prosélytisme républicain absolu. « Indépendance pragmatique », telle est la meilleure façon de décrire ses idées politiques ».

A noter, la très honnête et belle préface d’Eric LIBIOT, fan de la première heure.

Extrait :

« A la question : « Pourquoi racontez-vous cette histoire-là ?, Clint Eastwood balance la même réponse depuis toujours : « comme l’alpiniste à qui on demande pourquoi il va escalader cette montagne, je réponds : « Parce qu’elle est là » » .

Bref, un livre à conseiller aux aficionados pour en apprendre plus sur l’homme, mais aussi à ceux qui le sont moins pour comprendre la légende.

MONSIEUR Clint restera pour toujours dans les Mémoires de nos pères. Et même si nous ne vivons pas dans Un monde parfait, ce Doux, dur et dingue à bord de sa Gran Torino nous le rend plus distrayant. Rawhide ! 

 

Clint Eastwood Un rebelle américain, Marc ELIOT

Ed. Balland

479 pages, 24,90 €

ISBN : 978-2-35315-187-5




Lundi – La guerre amoureuse

« Une rencontre finlandaise ».

Le dernier roman de Jean-Marie Rouart, de l’Académie Française, publié début 2011, commence par cette citation de Nietzsche : « L’amour dont la guerre est le moyen et dont la haine mortelle des sexes est la base ».

Dans ces quelques mots, tout est dit de la suite.
Cette guerre est sans doute la seule que toutes et tous recherchent, à laquelle tous se livrent à corps et à coeurs perdus.

Et à la lecture des pages de l’académicien, on en vient à penser que la seule issue est la défaite.
Pour chacun des camps. Drôle de guerre s’il en est.

Celle à laquelle il nous est donné d’assister dans ce roman, s’est déclarée en Finlande.
Une rencontre, qui s’est très vite muée en certitude. En passion. En déchirements.

France. Finlande.
Mariage. Séparation.
Adultère. Fidélité.

L’être désiré, l’être aimé, se transforme en tyran.
Le narrateur en subit les conséquences.
Sado-masochisme, mensonges, jalousie, délaissement.
Toute l’éventail de la torture sentimentale lui devient familier, bien malgré lui.

Et naturellement, personne n’en ressort indemne.
Qui du bourreau ? Qui de la victime ? Bien malin saurait y apporter une réponse.

La guerre amoureuse.
Histoire d’une vie.

Auteur : Jean-Marie Rouart
Editeur : Gallimard
Date de parution : janvier 2011
ISBN : 2070131041

 




Mercredi – Les enfants de Tensing

Le Tibet est autant idéalisé et rêvé en Occident qu’il est stigmatisé et diabolisé côté Chinois. Difficile finalement de se faire une idée objective puisque ce bout de terre si près des étoiles est hautement fantasmé. « La mendiante de Shigatze » regroupe cinq nouvelles toutes très crues sur les mœurs du Tibet vues par un chinois rustre et partial.

Ma Jian, auteur et voyageur de l’empire du Soleil se pose en seul juge de la culture tibétaine et des villageois qu’il rencontre lors de son périple effectué en 1984. Le moins que l’on puisse dire est que notre voyageur est « Lost in translation » (1), choqué mais aussi fasciné. Au premier rang de sa fascination naissante, les femmes, leur liberté et leur sexualité.


Credit to Benjamin Rajjou

Dans ces nouvelles contant le voyage initiatique dans l’«Empire de l’Herbe», la montagne nous apparaît comme une sorte de personnage omniprésent, auquel font écho des Tibétains anguleux à la vie rythmée par la nature et les rites ancestraux.

Notre Champollion au Tibet nous livre un tableau à mille lieux des chemins battus et emprunte les chemins escarpés qui le mènent entre rude réalité et surnaturel, tour à tour macabre ou érotique.

Notre Candide sur le toit du monde oscille, dans son récit, entre fictions fantasmagoriques et descriptions fidèles des traditions.

Cinq nouvelles : « La Femme en Bleu », « Le Sourire du Lac du Col de Dolm », « Le Chörten d’Or », « La Mendiante de Shigatze « et « L’Ultime Aspersion ».

Paru chez Acte Sud en 1988, dans la collection Terre d’Aventures, ce recueil méconnu permet de prendre un peu de hauteur.

Il s’arpente très rapidement et semble hors du temps, mais ce récit et ces personnage obsèdent.

(0) Tensing Norgay (15 mai 1914 – 9 mai 1986 à Darjeeling) était un sherpa népalais. Il est le premier homme avec Edmund Hillary à gravir l’Everest, le 29 mai 1953.

(1) « Lost in translation », Sofia Coppola, 2003.

Photos de Benjamin Rajjou (merci beaucoup).




Mardi – Trois vies chinoises, Dai Sijie

Trois vies chinoises.
Trois destins chinois.
Une île les réunit. L’île de la Noblesse.

Curieux nom pour une décharge moderne de déchets électriques et électroniques.
La noblesse de coeur sans doute, pour recycler sans rechigner, les déchets produits sans la moindre retenue par l’hyper-consommation ambiante.

Dai Sijie nous avait séduits avec « Balzac et la petite tailleuse chinoise ».
Dans ce recueil de trois nouvelles, il ne nous épargne pas.
Nous confronte de plein fouet à l’injustice, à la misère, à la rudesse de l’âme et des sentiments …

Difficile de ne pas être remué par ces 140 pages …
Mais difficile également de ne pas connaître la vie des autres habitants de l’île.
L’île de la Noblesse vous habitera longtemps après la lecture de ces pages, tant vous aurez eu l’impression d’y vivre !

 

 

Auteur : Dai Sijie
Editeur : Flammarion
Date de parution : janvier 2011
Collection : Littérature Francaise
ISBN : 2081240505




Désolations en Alaska … La terreur selon David Vann


Quand la rigueur des éléments n’est rien face à la froideur des sentiments humains, David Vann nous propose une descente dans l’enfer de la psychologie humaine.


Gary, la soixantaine approchant, décide de réaliser son rêve de jeunesse … Bâtir une cabane sur une île d’Alaska. Se contenter du strict nécessaire, et chaque jour défier la nature et la rudesse qu’elle impose à la vie.


Il entraîne Irene, sa femme, dans sa folle entreprise …
Et folle, elle aussi va le devenir progressivement. Méditant sur ce qui l’a poussée à suivre cet homme toute sa vie durant … A dire amen à tous ses projets …
Au-delà du projet de cabane, c’est toute sa vie de famille qu’elle reconsidère. A l’aune de ce qu’elle aurait souhaité. Le constat est sans appel et douloureux.


Autour de ce couple, nous assistons au déchirement d’une famille. En apparence, une famille.
En observant davantage, des individus ne partageant rien de plus qu’un lien de sang. La soeur (Rhoda) est une inconnue dans le coeur et dans les yeux de son frère (Mark).


Rien de plus en somme que la dramatique histoire de la vie, entre rêve de jeunesse, médiocrité du quotidien et désillusion à venir …


L’amour se transforme lentement en une routine ravageuse et destructrice, où le moindre obstacle prend la dimension d’un gouffre insurmontable.
Cette descente aux enfers inexorable tout au long de ces 300 pages plonge le lecteur dans une profonde angoisse.


A la sortie d’un tel roman, l’espoir paraît hors de propos, le bonheur honteux et le sentiment d’accomplissement illusoire.


David Vann réitère l’exploit de « Sukkwan Island » dans son deuxième roman traduit en Français sous le titre « Désolations » (« Caribou Island » dans son titre original). Il nous plonge dans les bas-fonds de l’âme humaine, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Paradoxal ? Je vous laisse juge …


Désolations est publié aux éditions Gallmeister (http://www.gallmeister.fr/) – 304 p. – 23 €

 




Identités


 

– « Martin Page ? J’connais pas. »

– « Ca va te plaire » m’avait-elle dit, en bonne boulimique d’encre qu’elle était, « c’est  l’auteur de Comment je suis devenu stupide…. »

– « … »

« … Mais c’est des nouvelles ? Bof, c’est chiant à lire les nouvelles… Ah, y’ a des images … »

Alors j’ai lu. Et j’ai ri. Et j’ai beaucoup réfléchi…. à La mauvaise habitude d’être soi.


J’ai commencé par l’histoire de Raphaël. Héraut kafkaïen hébété devant cet enquêteur chargé de résoudre son meurtre. Puis, curieuse, j’ai continué avec Philippe, aux prises avec ce choix cornélien : échangera-t-il sa vie avec un inconnu au risque de n’être plus personne ?


Alors conquise, j’ai enchaîné avec ce mec qui emménage à l’intérieur de sa tête, cet autre qui découvre qu’il est une espèce en voie de disparition, ce dernier qui enquête sur la désertion des cafards parisiens… Avant d’enfermer tous ces frappés dans leur prison de papier.


Quelque chose me dit que ce livre pourrait me remuer bien plus que ce qu’il n’y paraît. Alors, je le ré-ouvre quelques fois, lorsque je chasse le zébu, nue à la pleine lune sur les toits de Paris, tout en cherchant une nouvelle tête volontaire, mon corps ayant eu raison de la première.



Martin Page et Quentin Faucompré, La mauvaise habitude d’être soi, Éditions de l’Olivier, 2010.






J. S. Foer – Dis-moi ce que tu manges …


Quoi ? Vous avez mangé de la viande à midi ?

Vous préparez du poisson pour ce soir ?

Tout laisse à penser que le nom de Jonathan Safran Foer vous est encore inconnu …



Dans son ouvrage, l’écrivain new-yorkais se livre en effet à une étude de nos comportements alimentaires et de leurs conséquences sur les élevages et les traitements infligés aux animaux.

Si vous pensiez vous abriter derrière les labels et appellations tels qu’ « élevés en plein air », « bio », et j’en passe, jetez un oeil à « Faut-il manger les animaux ? ».


Loin des discours moralisateurs de certains extrémistes végétar/l/iens, J. S. Foer livre par écrit ses propres réflexions sur quelle alimentation donner à son jeune fils.
Et il tient à ce que le lecteur garde à l’esprit que c’est le père de famille qui est allé visiter des élevages considérés comme traditionnels. Il a également rencontré d’anciens (ou actuels) employés d’élevages industriels (…ayant presque toujours souhaité garder l’anonymat).


Ces mêmes élevages où vetusté, torture et barbarie représentent souvent le quotidien des animaux qui y sont cultivés (peut-on vraiment parler d’élevages dans ces conditions), abattus, et « préparés » en vue de les rendre « propres » à la consommation humaine.

Privations, enfermement, dégénérescence génétique, démembrements à vif … les pires pratiques y passent … et créent des espèces animales mutantes, incapables de vivre à la lumière du jour ou encore de se reproduire entre elles …

Des dindes assexuées, des poulets n’ayant comme espace vital que la surface d’une feuille A4, des porcs électrocutés, torturés, de jeunes boeufs castrés à vif … Il est préférable de terminer son assistte avant de reprendre sa lecture…

Et pourtant, jamais l’auteur ne se pose en extrêmiste moralisateur mais se propose toujours de fournir les clés pour que chaque lecteur puisse répondre, en son for intérieur, à cette question essentielle, et universelle : « Est-il vraiment naturel de manger des cadavres d’animaux ? »


Vous vous en doutez, cette lecture interroge. Retourne. Bouleverse.
A découvrir de toute urgence pour se faire sa propre opinion sur la question !


Cet ouvrage, qui fait suite dans l’oeuvre de Foer au succès de « Extrêmement fort et incroyablement près » est le fruit de trois années de recherches et de rencontres. Jeune père, compagnon de la romancière Nicole Krauss, Foer s’affirme comme une vraie figure de la nouvelle littérature états-unienne.
Il sort en 2011 son nouveau roman « Tree of Codes ».



Bibliographie de J. S. FOER :

2009 : Eating Animals (Faut-il manger les animaux ?)
2005 : Extremely Loud and Incredibly Close (Extrêmement fort et incroyablement près)
2005 : The Unabridged Pocketbook of Lightning
2005 : A Beginner’s Guide to Hanukkah
2004 : The Future Dictionary of America
2002 : Everything Is Illuminated (Tout est illuminé)
2001 : A Convergence of Birds






Quand souvenirs et oubli s’entremêlent …

« Le Goût des pépins de pomme » s’ouvre à la lecture des dernières volontés d’une grand-mère qui pourrait être la nôtre: « Clair comme de l’eau de roche tel était le testament de Bertha – une douche froide en vérité. Les valeurs mobilières étaient de peu de valeur, les pâturages de la pénéplaine d’Allemagne du Nord n’avaient d’attrait que pour les vaches, de l’argent il n’y en avait guère, et la maison était vieille. » Une plongée dans l’Allemagne contemporaine et une famille haute en couleur.


Entre stupeur et enchantement, la jeune héritière s’expose à une psychothérapie involontaire. En effet, en acceptant ce legs, Iris entame une flânerie dans un jardin buissonnant et sauvage qui ouvre un portillon vers un passé tumultueux et non sans surprises. Trois générations de femmes, trois époques, des mœurs qui évoluent mais des pommes, encore et toujours présentes.


Iris est le personnage principal du « Goût des pépins de pomme » mais je n’ai pas ressenti pour elle une excessive proximité. Son rôle est comme dilué dans les événements du passé. Je l’ai d’avantage vue comme une clé de lecture de douloureuses cicatrices ou comme un témoin silencieux qui nous permet de nous glisser dans cette famille, plutôt que comme un personnage attachant et charismatique. Elle est tenaillée par d’angoissantes histoires d’enfants revenant en écho à ses oreilles d’adultes, tant et si bien qu’on a parfois envie de la bousculer. La galerie de personnages familiaux qui s’ouvre derrière elle, réhausse la tonalité en étant subtilement mystérieuse.


Quelle ironie, la maladie d’Alzheimer est la pierre d’achoppement de la mémoire commune de cette famille allemande. Avec une prodigieuse délicatesse poétique, Katharina Hagena décrit sans détours cette maladie dont le nom n’est pourtant jamais évoqué.




L’auteure

Ce roman intimiste traduit de l’allemand par Bernard Kreiss (« Der Geschmack von Apfelkernen » dans la langue de Goethe) a une musicalité qui lui est propre. Il fait vibrer en chacun la nostalgie des nuits d’été. Un roman dans lequel on flotte paisiblement même s’il traite entre autres de la mort, de l’homosexualité, de la maladie et de l’oubli.

Délicieusement narratif et parsemé de pépins, Katharina Hagena nous confie ici un premier roman à l’humour pince-sans-rire très british. Elle enseigne à ce jour les littératures anglaise et allemande à l’université de Hambourg, et fera sans aucun doute les beaux jours de la littérature allemande.



Extraits

« Tante Inga portait de l’ambre. De longs colliers de pierres d’ambre polies dans lesquelles on distinguait de minuscules insectes. Nous étions convaincues qu’ils secoueraient leurs ailes et s’envoleraient à l’instant même où la coque de résine viendrait à se briser. Le bras d’Inga était cerclé d’un gros bracelet jaune laiteux. Si elle portait ces bijoux faits d’une matière soustraite à la mer, ce n’était pourtant pas pour rester dans la note de sa chambre aigue-marine et de sa robe sirène mais, comme elle le disait, pour des raisons de santé. Bébé déjà elle envoyait à quiconque s’avisait de la caresser une décharge électrique, à l’ époque à peine perceptible, certes, mais l’étincelle était bel et bien là, et la nuit notamment, quand Betha lui donnait le sein, elle avait droit à une brève décharge, presque comme une morsure, ensuite seulement le nourrisson se mettait à téter. Elle n’en parla à personne, pas même à Christa, ma mère, qui avait alors deux ans et sursautait chaque fois qu’elle touchait sa sœur. » [1]


« Les mains de ma grand-mère passaient sur toutes les surfaces lisses : tables, armoires, commodes, chaises, télévision, chaîne stéréo ; elles essuyaient ces choses, constamment en quête de miettes, de poussière, de stable, de restes de nourriture. […] C’était un symptôme de la maladie, tout le monde le faisait ici, avait dit à ma mère une aide soignante de la maison de retraite – le « home », comme cela s’appelait chez nous. Un établissement cauchemardesque. D’un côté, tout était organisé de manière pratique et fonctionnelle, d’un autre côté, c’était un lieu peuplé de corps qui, chacun à sa manière et à différents degrés, avaient, avaient été délaissés par leurs esprits. » [2]


[1] Katharina Hagena « Le gout des pépins de pomme », éditions Anne Carrière (2010) p.43

[2] Katharina Hagena « Le gout des pépins de pomme», éditions Anne Carrière (2010) p.149

 

 




Les mots pour le dire – Hervé Guibert

Hervé Guibert, autoportrait

Tandis que la treizième édition des Solidays bat son plein dans l’hippodrome de Longchamp, Hervé Guibert repose sous terre depuis vingt ans. Très connu pour être « l’écrivain du sida », l’homme qui a fait de sa maladie un documentaire – «La pudeur et l’impudeur » diffusé en 1992 à la télévision-, ce dandy gay subtil qui savait s’entourer des plus grands n’en est pas moins un génie brutal qui manie les mots avec virtuosité. Son œuvre mérite d’être sans cesse relue :


« Et c’est vrai que je découvrais quelque chose de suave et d’ébloui dans son atrocité, c’était certes une maladie inexorable mais elle n’était pas foudroyante, c’était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurément à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage sans pareil, c’était une maladie qui donnait le temps de mourir et qui donnait à la mort le temps de vivre, le temps de découvrir enfin la vie, c’était en quelque sorte une géniale invention moderne que nous avaient transmis ces singes verts d’Afrique […] le sida, en fixant un terme certifié à notre vie, six ans de séropositivité, plus deux ans dans le meilleur des cas avec l’AZT ou quelques mois sans, faisait de nous des hommes pleinement conscients de leur vie, nous délivrait de notre ignorance.[1] »


Et relue.


«En regardant le paysage grisâtre de la banlieue parisienne défiler derrière la vitre du taxi, que je considérais comme une ambulance, et parce que Jules venait de me décrire des symptomes qu’on commençait d’associer à la fameuse maladie, je me dis que nous avions tous les deux le sida. Cela modifiait tout en un instant, tout basculait et le paysage avec autour de cette certitude, et cela à la fois me paralysait et me donnait des ailes, réduisait mes forces tout en les décuplant, j’avais peur et j’étais grisé, calme en même temps qu’affolé, j’avais peut-être enfin atteint mon but. [2]»


Et re-relue.


« C’est quand j’écris que je suis le plus vivant. Les mots sont beaux, les mots sont justes, les mots sont victorieux, n’en déplaise à David, qui a été scandalisé par le slogan publicitaire : « La première victoire des mots sur le sida. » En m’endormant je repense à ce que j’ai écrit pendant la journée, certaines phrases reviennent et m’apparaissent incomplètes, une description pourrait être encore plus vraie, plus précise, plus économe, il y manque tel mot, j’hésite à me relever pour l’ajouter, j’ai quand même du mal à descendre du lit, à chercher dans le noir à tâtons la lampe de poche à travers la moustiquaire, ramper sur le côté au bord du matelas comme me l’a enseigné le masseur, et laisser tomber doucement mes jambes, jusqu’à ce que mes pieds rencontrent la pierre nue.[3] »


Il s'est éteint depuis vingt ans et on y pense encore.



[1] Hervé Guibert, A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Gallimard, Paris, 1990.

[2] Hervé Guibert, A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Gallimard, Paris, 1990.

[3] Hervé Guibert, Le protocole compassionnel, Gallimard, Paris, 1991.





Salon du Livre Jeunesse – Des invitations à gagner !


La 26ème édition du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse ouvre ses portes pour une semaine à partir du 1er décembre.

A cette occasion, Arkult vous offre des invitations pour découvrir et redécouvrir toutes les animations proposées à l’Espace Paris-Est-Montreuil.


Et autant vous dire que le programme de cette nouvelle édition est riche et varié :

  • des centaines d’exposants et des milliers de livres en tout genre
  • une grande librairie européenne de jeunesse
  • une immense exposition sur le thème des princes et princesses
  • un festival de cinéma d’animation
  • des rencontres, des lectures, des ateliers
  • des parcours et des prix littéraires
  • une journée professionnelle et des formations et de nombreux autres rendez-vous avec la littérature jeunesse


Pour gagner une invitation, il vous suffit de nous envoyer un mail à l’adresse contact[at]arkult.fr en répondant à la question suivante :

Combien d’auteurs et d’illustrateurs ont participé à l’édition 2009 du salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil ? Indice ici.


Le site de la 26ème édition du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse.


Bonne chance et à bientôt au Salon et sur Arkult !