Auryn: « Between you and me, I feel the sound of music… »

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Il était une fois – ben, oui, on est en Belgique – dans un pays pas si lointain une jeune femme à l’oeil vif et rieur. Elle s’en allait à la conquête du pays voisin, bardé de son premier album tout de pastel coloré, Winter Hopes. Auryn, car c’était son nom, avait choisi le jour des amoureux pour présenter son précieux enfant, dans nos contrées.
Cet opus, fruit d’un labeur de plusieurs années, avait pour parrains de bien illustres noms. A son berceau s’étaient penchés le grand Erwin Autrique de l’ICP, Greg Remy de Ghinzu, Sascha Toorop, batteur de Dominique A, Christian Schreurs du défunt – et prodige Venus. Toutes les bonnes fées du plat pays avaient oeuvré. En son pays, Auryn rencontra un joli succès.
Mais la valeureuse Auryn n’en avait cure. Elle voulait « voir toujours plus haut ». C’est ainsi qu’en un beau jour de janvier, dans un café du premier arrondissement, je la croisai. Elle, l’oeil pétillant et franc. Et la langue bien pendue.

Mais quittons ce ton de conte pour retrouver les couleurs d’un Paris contemporain.


Commençons par le commencement. Quel est le début de ta « neverending story » avec la musique?



Je crois que ça a commencé… quand j’étais un foetus de deux mois. (Rires) Mes parents m’ont joué énormément de chansons quand j’étais dans le ventre de ma mère. Mon père m’avait même composé une petite berceuse. Je crois que je suis juste née dedans.
Quand on est né dedans, on ne sait pas si on est vraiment fait pour ou si c’est juste qu’on n’a connu que ça. Les années ont passé. La musique ne m’a jamais quittée.
Pourtant, quand j’ai commencé à me poser la question de ce que j’allais faire, je ne me suis pas dit que j’allais faire de la musique. J’ai fait des études de comédienne.
Mais la musique me rattrapait toujours.


En écoutant ton album, on ne peut s’empêcher de penser au meilleur d’Emilie Simon, dans sa période Kate Bush. Dans la voix, tu as des accents de Kate Nash. Tu es un peu dans la mouvance de ces chanteuses à voix évanescentes.



Oui, c’est drôle. J’ai découvert toutes ces chanteuses, après coup. Emilie Simon, je ne connaissais pas. Ca m’a d’ailleurs relativement énervé la première fois qu’on m’a dit que j’essayais de l’imiter. Alors que je n’avais jamais entendu un seul morceau d’elle.
Et on ne me croyait pas!
Une brune, au piano, qui chante en anglais. Et tout de suite, une étiquette.


J’ai toujours écouté des hommes. Jeff Buckley, les Beatles, Queen, Mike Patton. Les déjantés, tu vois. Ce n’est que très tard que j’ai découvert les chanteuses. Peut-être parce qu’en tant que femme, je suis encore plus sensible aux belles voix d’hommes.


Et pourquoi chanter en anglais?



Ma mère est prof de français. Elle a beaucoup écouté Brel, Aznavour. Pour autant, on ne passait pas nos soirées à écouter de la chanson française. J’étais plutôt dans ma chambre à écouter avec ma soeur des groupes indés. Radiohead, Blur, Oasis. On était que dans l’anglophone. Tout le temps. J’adore l’anglais depuis que j’ai quatre ans. J’ai une maîtrise ès yoghurt depuis toujours. J’attendais mon premier cours d’anglais comme on attend le père Noël. Du coup, j’avais qu’une seule envie: c’était de chanter dans cette langue.
C’est ma langue de coeur, en fait.
J’arrive à dire des choses que je n’arriverai pas à écrire en français. Parce que ce n’est pas ma langue. Je peux faire des fautes. Je peux ne pas dire les choses tout à fait correctement. C’est poétique. De pouvoir se tromper. Chercher dans les sonorités, plutôt que dans le sens du mot. Je n’ai pas envie qu’on sente une phrase mais qu’on l’entende. C’est juste physique et naturel.


Revenons à la conception de l’album. Tu t’es entourée de grands noms: Erwin Autrique (ICP), Greg Remy,… Raconte nous.



Ah oui, Erwin, c’est un rêve. Greg Remy (NDLR: de Ghinzu), c’est mon fiancé donc c’est un rêve, aussi. (Rires) Dès le départ, on avait envie de travailler avec le mixeur de Keren Ann. On ne savait pas qui c’était. Jusqu’au jour où on s’est rendus compte qu’il était à Bruxelles et à l’ICP. Les deux mixeurs avaient travaillé sur un album que j’aime tout particulièrement de Keren Ann. Erwin avait accroché avec le projet. Le producteur avait envie de trouver les personnes justes. Il nous disait: « Vous aimeriez avoir quel batteur? ». « Le batteur de Dominique A ». OK. Donc on allait le chercher.
C’était un rêve où on prenait les meilleurs ingrédients pour faire le meilleur plat.
On a aussi travaillé avec l’ancien violoniste de Venus. Il a collaboré. Il est devenu conseiller musical. Puis, arrangeur sur certains morceaux.


On retrouve totalement la patte Venus.


Dans les cordes, oui.
En fait, j’étais coincée à un moment. Ca faisait des années que j’étais sur ces morceaux. Je ne voyais plus rien. Plus comment améliorer tel morceau. Et je lui disais, vas-y, casse certains trucs. Mets-y de l’âme. Il y avait des morceaux que je trouvais un peu ronds, trop gentils.
Et lui est très sec, très rock, très brut. C’était la personne qu’il fallait.


Parlons scène. Tu es plus à l’aise, en studio, sur scène?



Les deux sont inséparables, je crois. La scène, c’est vibrant. C’est du one-shot. Tu joues. Et si t’as raté, hé ben, t’as raté ton truc. En studio, tu peux retenter, peaufiner. Mais le risque, c’est de se ramollir.
Parfaire le moindre détail. Jusqu’à en oublier peut-être l’essence.
J’ai vraiment hâte de retrouver la scène. C’est là que j’ai des émotions dingues. Parce que jouer devant des gens. Il n’y’a rien de mieux. La vibration que tu ressens,… C’est indescriptible.


Auryn sera en concert, le 17 mars, à la Fléche d’Or. Une tournée est également en préparation avec la Patère Rose.



« Winter Hopes », Auryn. AT-Music. Sortie le 14 février 2011. Dans les bacs.

Auryn « Winter Hopes » teaser from Auryn on Vimeo.

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