Eva Corrêa du trio Esperança: « Le coeur n'a pas de température »

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C’est entre le Brésil et la France que les sœurs du trio Esperança partagent leurs cœurs et font voguer leur musique. En direct de Rio où elles fêtent leurs 50 ans de carrière, Eva nous parle de cette fabuleuse histoire, en attendant leur représentation en banlieue parisienne pour le festival Métis.

Issues d’une fratrie de sept enfants, Régina, Mariza et Eva Corrêa sont aussi inséparables qu’infatigables, cinquante années de longévité à leur actif en témoignent.
Le secret ? « Nous ne sommes pas conservées dans le formol mais avons juste commencé très tôt. Il faut être heureux. Sur scène on donne et on prend tellement que l’on oublie toutes les difficultés liées au métier. » Les filles en culottes courtes auraient-elles trébuché sur la marmite de potion magique franco-brésilienne ?
« On s’est toujours demandé comment on était tombé là-dedans. Nos parents n’étaient pas musiciens. Ils ont accepté de nous encourager mais avec une éducation très sévère. Mes frères chantaient et formaient des petits groupes au collège, on les a vu faire, et, naturellement, nous avons suivi. Nous n’avons jamais étudié la musique et nous sommes tous des professionnels aujourd’hui ! »

Musicalité et émotion

Des 30 degrés de Rio aux grises pluies parisiennes, le groupe s’est acclimaté : « Le cœur n’a pas de température » glisse Eva.
Au début du trio, il y avait Mario, Régina et Eva, des enfants qui chantaient pour d’autres. En 1969, Eva entame une carrière solo à Paris, Mariza la remplace. Le trio actuel redémarre depuis la capitale où les sœurs se réunissent en 1992. « C’est l’année où nous avons commencé à chanter a cappella, ce qui est très rare au Brésil. Cela a été très bien accueilli. »
Comment oreilles d’ici et d’ailleurs ressentent-elles leur musique ? « Les publics sont très différents et c’est enrichissant. Les Français ne comprennent pas le portugais mais reçoivent notre musique car il s’agit d’émotions et de mélodie avant tout. Au Brésil, on a chanté des chansons en français comme La bohème (Charles Aznavour) et La vie en rose (Edith Piaf) qui fonctionnent bien car ces airs sont connus au Brésil. Nous sommes portées surtout par la musique, les harmonies et les mélodies. Les paroles viennent après. Elles ne sont pas politiques ou agressives, mais parlent souvent d’amour et de paix. »

Les classiques revisités

Le trio Esperança, c’est aussi et quand même 4 disques d’or et un dernier né plutôt culotté. De Bach à Jobim, sorti en janvier 2010, revisite des standards du classique à commencer par Bach, dérivant vers d’autres influences comme Paul McCartney ou Jobim, cofondateur de la bossa nova. Un savant mélange, plutôt bien dosé qui fait onduler les hanches, là où le classique aurait plutôt tendance à les figer (je parle de mes hanches à moi, chacun ses histoires de bassin!)
« Nous n’avons pas de formation ou culture classique mais on aime relever les défis. Alors, quand Gérard Gambus, arrangeur et quatrième mousquetaire du trio, nous a proposé de partir sur cette idée nous avions très peur: s’attaquer au classique sans faire du lyrique c’est un peu de la folie. Mais on a fait ca avec beaucoup d’humilité. »
Sûr, les voix harmonieuses et enveloppantes des interprètes expérimentées traversent le temps, sans prendre une ride.

En concert le jeudi 19 mai à 20h30 à L’Île-Saint-Denis pour le festival Métis.

http://www.youtube.com/watch?v=HnTuBjLgr8c&feature=related

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